Baudelaire – Spleen et idéal – Avec ses vêtements ondoyants… – (texte)

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XXVIII

Avec ses vête­ments ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croi­rait qu’elle danse,
Comme ces longs ser­pents que les jon­gleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.

Comme le sable morne et l’azur des déserts,
Insensibles tous deux à l’humaine souf­france,
Comme les longs réseaux de la houle des mers,
Elle se déve­loppe avec indifférence.

Ses yeux polis sont faits de miné­raux char­mants,
Et dans cette nature étrange et sym­bo­lique
Où l’ange invio­lé se mêle au sphinx antique,

Où tout n’est qu’or, acier, lumière et dia­mants,
Resplendit à jamais, comme un astre inutile,
La froide majes­té de la femme stérile. 

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