Chronos : l’Occident aux prises avec le temps

Temps de lec­ture : < 1 minute

Omniprésent et iné­luc­table, tel est Chronos. Mais il est d’a­bord celui qu’on ne peut sai­sir. L’Insaisissable, mais, tout autant et du même coup, celui que les humains n’ont jamais renon­cé à maî­tri­ser. Innombrables ont été les stra­té­gies déployées pour y par­ve­nir, ou le croire, qu’on aille de l’Antiquité à nos jours, en pas­sant par le fameux para­doxe d’Augustin : aussi long­temps que per­sonne ne lui demande ce qu’est le temps, il le sait ; sitôt qu’on lui pose la ques­tion, il ne sait plus. Ce livre est un essai sur l’ordre des temps et les époques du temps. À l’ins­tar de Buffon recon­nais­sant les « Époques » de la Nature, on peut dis­tin­guer des époques du temps. Ainsi va-t-on des manières grecques d’ap­pré­hen­der Chronos jus­qu’aux graves incer­ti­tudes contem­po­raines, avec un long arrêt sur le temps des chré­tiens, conçu et mis en place par l’Église nais­sante : un pré­sent pris entre l’Incarnation et le Jugement der­nier. Ainsi s’en­gage la marche du temps occidental.

On suit com­ment l’emprise du temps chré­tien s’est dif­fu­sée et impo­sée, avant qu’elle ne reflue devant la mon­tée en puis­sance du temps moderne, porté par le pro­grès et en marche rapide vers le futur. Aujourd’hui, l’a­ve­nir s’est obs­cur­ci et un temps inédit a surgi, vite dési­gné comme l’Anthropocène, soit le nom d’une nou­velle ère géo­lo­gique où c’est l’es­pèce humaine qui est deve­nue la force prin­ci­pale : une force géo­lo­gique. Que deviennent alors les anciennes façons de sai­sir Chronos, quelles nou­velles stra­té­gies faudrait-il for­mu­ler pour faire face à ce futur incom­men­su­rable et mena­çant, alors même que nous nous trou­vons encore plus ou moins enser­rés dans le temps éva­nes­cent et contrai­gnant de ce que j’ai appe­lé le présentisme ?

François Hartog : Chronos : l’Occident aux prises avec le temps (Gallimard)

Partagez :
Pub…