- Au lendemain de la mort de G. Pompidou, une nouvelle période de l’histoire de la Ve République commence. Au moment des élections présidentielles, la gauche, cette fois, apparaît unie par un Programme commun et propose un unique candidat : François Mitterrand. La majorité est divisée entre gaullistes traditionnels et gaullistes pompidoliens. Un phénomène nouveau se présente : les candidatures marginales, avec un candidat écologiste, un de l’extrême droite, des Fédéralistes européens et même un royaliste ! Le vainqueur des élections est Valéry Giscard d’Estaing (que l’on désignera VGE), chef des Républicains indépendants, mais avec un très faible écart par rapport à Mitterrand. Si les institutions de la Vème République ont fait preuve de leur bon fonctionnement en ce qui concerne le changement de président, le pays apparaît plus que jamais coupé en deux. La France fait ses premiers pas vers une république non-gaullienne puisque le nouveau président est d’une famille politique différente, plus modérée, réformatrice et européenne.
Encore jeune ( il a 48 ans), VGE prône une doctrine assez vague, le changement dans la continuité. En finir avec la guerre, l’après-guerre et assimiler deux ou trois idées de la génération 68. Aussi se fait-il l’avocat de l’ouverture européenne et des réformes de société : Giscard, beaucoup plus que Mitterrand joue la discontinuité, et plutôt qu’une mémoire longue (celle de la gauche chez son adversaire), une mémoire courte branchée sur mai 68. Cette position se révélera assez vite intenable quand Giscard devra se rebrancher sur sa base politique et parlementaire. Mais dans ce laps de temps très rapide entre le décès de Pompidou et l’élection de son successeur, s’opère comme une mise entre parenthèse.
Plusieurs fois responsable de l’Économie et des finances depuis le général de Gaulle, fondateur du Mouvement des Républicains Indépendants (fondateur principal de l’UDF), Giscard d’Estaing l’emporte d’une courte tête sur François Mitterrand et ce, grâce à l’appui de Jacques Chirac et de son mouvement gaulliste de l’UDR (devenu plus tard le RPR).
Progressivement la modernité affichée par Giscard va finir par alimenter l’image exécrable du président-gadget. Arrivant à l’Elysée au volant de sa propre voiture, Giscard prétendait simplifier le protocole et se rapprocher des Francais. Progressivement l’image de Giscard évolua dangereusement, le président moderne laissant place à l’hôte des grands de ce monde, à l’amateur d’honneurs, voire de cadeaux. En fin de septennat le successeur de Pompidou était souvent comparé à un monarque d’Ancien régime.- Il inaugure une nouvelle politique, la Société libérale avancée avec Jacques Chirac comme Premier ministre
Pendant les deux premières années de son septennat, de nombreuses réformes sont adoptées.
C’est la jeunesse qui est la première bénéficiaire de cette volonté présidentielle de vouloir changer la société. La majorité légale et donc électorale est abaissée à 18 ans, l’électorat se rajeunit et devrait être plus réceptif (selon le gouvernement) à la modernité politique du Président.
Le gouvernement s’adresse ensuite à une autre catégorie “minorisée” de la société française, un secrétariat d’Etat à la condition féminine est créé et confié à la journaliste Françoise Giroud. Le 22 décembre 1974, la loi Veil (du nom de la première ministre femme de la Vème République) est votée, elle concerne la liberté de contraception et le remboursement par la sécurité sociale, des produits contraceptifs, ainsi que la libéralisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Une autre loi facilitera les procédures de divorce, jusqu’ici fort compliquées et fort lentes, mais surtout le divorce pourra être demandé par consentement mutuel, désormais l’égalité homme-femme est inscrite dans la loi.
L’amélioration des conditions des travailleurs et des personnes âgées, est un autre point de la politique sociale du nouveau gouvernement. Aux premiers, elle garantit en cas de chômage 90% du revenu pendant une année et l’augmentation du SMIC ; des dispositions sont prises aussi sur la règlementation des licenciements collectifs ; aux seconds, on accorde l’augmentation du minimum vieillesse. Le gouvernement s’intéresse également aux handicapés, une loi sur leur orientation et leur insertion est approuvée.
Quant à l’Education nationale, le ministre Haby fait voter une réforme qui institue un collège unique visant à donner à tous les mêmes chances.
Le libéralisme du président et du gouvernement s’étend aussi à l’audiovisuel, l’ORTF est constituée désormais en sociétés indépendantes (Radio France, TF1, Antenne 2, FR3) auxquelles on accorde un statut d’autonomie. Le statut de la ville de Paris est modifié, Paris aura son maire élu et une autonomie de gestion.
Enfin le 21 0ctobre 1974, on adopte une révision de la Constitution donnant le droit à 60 députés ou sénateurs de ?saisir ? le Conseil constitutionnel. Désormais, cette loi de ?saisine ? permettra à un petit groupe d’exercer un contrôle législatif (la saisine est le droit de demander au Conseil constitutionnel de contrôler la constitutionnalité d’un traité ou d’une loi). Ce droit appartenait exclusivement jusqu’alors au président de la République. Cette réforme témoigne de la volonté du chef de l’Etat de “décrisper” aussi les rapports avec le Parlement. Mais la crise mondiale révélée avec le choc pétrolier de 1974 consécutif à la guerre du Kippour va enrayer le processus et toucher de plein fouet une économie française encore en transformation et mettre à mal un tissu industriel encore fragile relançant l’inflation qui atteint des sommets (14% par an). - Sur le plan extérieur, Valéry Giscard d’Estaing veut donner de la France une image moins arrogante. Il souhaite faire partager aux Français sa conception “mondialiste” et veut “dépassionner” les relations internationales. Pour lui la concertation doit remplacer la confrontation.
- Malgré le changement de style du président Giscard d’Estaing, sa politique étrangère s’inscrit aussi dans la continuité de ses prédécesseurs ; surtout en matière de défense, la politique de VGE ne varie pas. Il est plus que jamais persuadé de se maintenir en dehors de tout système qui priverait la France de la maîtrise de sa sécurité.
- Sous son septennat, la construction européenne franchit trois pas importants : la création et les réunions trisannuelles du Conseil européen (1974) devant harmoniser les politiques des différents Etats ; l’élection du Parlement européen au suffrage universel et l’institution d’un système monétaire européen (SME) en 1979. Ce système représente une étape essentielle dans la voie de l’établissement d’une union monétaire entre les Etats membres de la Communauté car il stabilise les relations de change entre les monnaies. Il renforce aussi l’indépendance de ces monnaies par rapport au dollar, désormais, l’unité de référence devient l’ECU (european currency unit). La CEE s’élargit vers l’Europe méditerranéenne avec l’entrée de la Grèce et entame des négociations avec l’Espagne et le Portugal.
- La prise de conscience de la crise
Les plans économiques et financiers du gouvernement pour tenter de sortir le pays de la crise économique donnent des résultats mitigés. Chirac avait tenté la politique du “stop and go”, c’est-à-dire dans un premier moment, la maîtrise de l’économie par des mesures d’encadrement (prix, crédit, salaires) et fiscales (le stop), puis dans un deuxième temps, la relance de la consommation (le go), mais rien ne peut empêcher l’effondrement de la production et la progression du chômage. Bientôt les dissensions entre VGE et son Premier ministre, amène ce dernier à remettre sa démission le 25 août 1976. Cette rupture dans l’exécutif résulte très certainement d’un conflit de personnalité entre le Président et son Premier collaborateur, mais surtout de l’attitude “interventionniste” de VGE qui tend le plus possible à réduire le rôle de son Premier ministre, n’hésitant pas à le “laisser de côté”, s’adressant directement aux ministres. Chirac excédé donnera sa démission ; il sera remplacé par Raymond Barre appelé le “meilleur économiste de France. - La politique de rigueur
De 1976 à 1981, Raymond Barre met en oeuvre une politique d’austérité draconienne, avec tout le programme classique : blocage des prix, des tarifs publics, des loyers, augmentation des impôts et encadrement du crédit. Etant privés désormais du soutien de l’Etat, des secteurs industriels connaissent de très grosses difficultés, des régions entières sont touchées par la crise, le chômage augmente sérieusement, surtout dans les catégories les plus fragiles comme les jeunes et les femmes. Cette situation provoque des manifestations, des grèves de la part des travailleurs qui se sentent menacés dans leurs revendications et dans leur pouvoir d’achat. De plus, l’adoption de lois sur la sécurité, justifiée par la montée de la violence et surtout la loi sur la réforme universitaire renforçant la sélection des étudiants et diminuant l’autonomie des universités augmentent l’impopularité du gouvernement. - les prémices de la défaite
Les dernières années du septennat sont semées de difficultés de toute sorte, du second choc pétrolier en 1979 qui annule les premiers résultats du plan Barre, (l’inflation n’est pas maitrisée, le chômage passe de 420,000 en 1974 à plus de un million et demi à la veille de 1981.
Le mécontentement social grandit, la majorité se divise ( fondation du RPR par Jacques Chirac en 1976, création de l’UDF en 1978), la gauche devient de plus en plus puissante même si le programme commun éclate en 1977. De plus, une série de scandales (décès inexpliqué du ministre du Travail Robert Boulin, assassinat du prince de Broglie, affaire des diamants donnés au Président par Bokassa, dictateur du Centre Afrique) aggravent la situation. La presse et l’opposition sauront bien exploiter ces facteurs de crise qui discréditent le régime. Lors des législatives de 1978 la majorité l’emporte de justesse mais sa division conduira à la défaite de Valéry Giscard d’Estaing face à François Mitterrand le 10 mai 1981 confirmant du même coup à gauche le déclin du Parti communiste et la montée de la gauche non communiste avec le succès grandissant du Parti Socialiste
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- Il inaugure une nouvelle politique, la Société libérale avancée avec Jacques Chirac comme Premier ministre
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