Fautes courantes en Français (01)

Temps de lec­ture : 5 minutes

Le fran­çais n’est pas une langue simple. Et l’on peut faire des fautes au quo­ti­dien, en toute bonne foi.

Voici donc un tableau des erreurs les plus fré­quentes, avec évi­dem­ment leurs corrections :

Expressions incor­rectes Expressions cor­rectes
s’at­tendre à ce que s’at­tendre que
nous avons conve­nu de nous revoir nous sommes conve­nus de nous revoir
ce n’est pas de ma faute ce n’est pas ma faute
il s’en est guère fallu il ne s’en est guère fallu
dix kilomètres-heure dix kilo­mètres à l’heure
il gagne vingt euros de l’heure il gagne vingt euros l’heure / par heure
mal­gré que quoique, bien que
pal­lier à un manque[1] pal­lier un manque
cela res­sort du tribunal[2] cela res­sor­tit au tribunal
sans qu’il ne parle sans qu’il parle
les fêtes d’antan[3] les fêtes de jadis
la clef est après la porte la clef est à / dans la porte
être furieux après quelqu’un être furieux contre quelqu’un
deman­der après quelqu’un deman­der quelqu’un
de gros pro­grès / efforts de grands pro­grès / efforts
il n’ar­rête pas de bavarder[4] il ne cesse de bavarder
une faute d’attention[5] une faute d’inattention
aussi bizarre que cela paraisse[6] si bizarre que cela paraisse
se baser sur des faits[7] se fon­der sur des faits
dans le but de réussir avec le des­sein / afin de réussir
faire des coupes sombres[8] faire des coupes claires
fixer quelqu’un[9] regar­der fixe­ment quelqu’un
évi­ter un effort à quelqu’un[10] épar­gner un effort à quelqu’un
tout l’indiffère[11] tout lui est indifférent
le vacarme m’insupporte le vacarme m’est insupportable
jouir d’une triste réputation[12] avoir une triste réputation
des frais réduits au maximum[13] des frais réduits au minimum
un homme fortuné[14] un homme riche
il est mieux en naturel il est mieux au naturel
par­tir à Paris / en Italie par­tir pour Paris / pour l’Italie
une rue passagère une rue passante
une voi­ture aérodynamique[15] une voi­ture pro­fi­lée / bien carénée
au point de vue travail du point de vue du travail
repar­tir à zéro[16] repar­tir de zéro
à six heures sonnant à six heures sonnantes
des ennuis pécuniers[17] des ennuis pécuniaires
il s’en est suivi une chute il s’est ensui­vi une chute
sur­tout qu’il est absent d’au­tant plus qu’il est absent
tant qu’à faire à tant faire
secousse sismique[18] secousse tel­lu­rique, séisme, trem­ble­ment de terre
avoir très soif[19] avoir beau­coup soif, avoir grand-soif
avoir très peur avoir grand-peur
des jours fastes[20] des jours heureux
être cour­ba­tu­ré être cour­ba­tu
s’ac­ti­ver tra­vailler
un tra­vail difficultueux[21] un tra­vail difficile
le chô­mage s’ac­cen­tue sans cesse Le chô­mage se déve­loppe / aug­mente sans cesse
vitu­pé­rer contre quelqu’un[22] vitu­pé­rer quelqu’un
un anti­dote contre un poison[23] un anti­dote d’un poison
ouvrir des horizons[24] ouvrir des pers­pec­tives (nou­velles)
une somme conséquente[25] une somme importante
imi­ter l’exemple de quelqu’un[26] suivre l’exemple de quelqu’un
impri­mer un mou­ve­ment à quelque chose[27] pro­vo­quer le mou­ve­ment de quelque chose
être atteint par la limite d’âge atteindre la limite d’âge
figu­rer dans une liste figu­rer sur une liste
mappemonde[28] globe ter­restre
il est tout de même venu il est quand même venu
mou comme une chique mou comme une chiffe
les pro­chaines Olympiades[29] les pro­chains Jeux olympiques
de façon / manière à ce que de façon / manière que
après qu’il soit venu[30] après qu’il est venu
quasiment[31] presque
être dans l’œil du cyclone[32] être dans la tourmente
une idée soi-disant bonne[33] une idée pré­ten­due bonne
un maga­sin bien achalandé[34] un maga­sin bien approvisionné

[1] Pallier est tran­si­tif direct.

[2] Ressortir signi­fie “sor­tir de nou­veau” ou “faire contraste”, mais en aucune façon “être du res­sort de”.

[3] Antan signi­fie “de l’an­née der­nière”. Il ne faut donc pas l’u­ti­li­ser avec le sens de “très ancien”.

[4] Arrêter suivi d’un com­plé­ment ne signi­fie pas “ces­ser de faire quelque chose” mais “inter­rompre ou faire ces­ser quelque chose”. Il est donc plus cor­rect de dire ces­ser de bavar­der.

[5] Ce n’est pas l’at­ten­tion qui est mise en cause, mais l’inattention.

[6] Aussi signi­fiant “éga­le­ment”, “autant”, il est illo­gique de l’u­ti­li­ser dans cette tournure.

[7] Se baser est un anglicisme.

[8] Une coupe sombre est la “sup­pres­sion légère de quelque chose”, tan­dis que coupe claire signi­fie “sup­pres­sion impor­tante, res­tric­tion dras­tique”. Coupe sombre est à l’o­ri­gine un terme de syl­vi­cul­ture qui nomme pré­ci­sé­ment une “coupe faible (qui laisse la forêt sombre) ne por­tant que sur quelques arbres et des­ti­née à favo­ri­ser l’en­se­men­ce­ment natu­rel” (TLFI). Dire une coupe sombre pour une coupe impor­tante est donc un contresens.

[9] Fixer “atta­cher” ne convient pas pour dire “regar­der avec atten­tion”. On peut tou­te­fois dire fixer son regard sur quel­qu’un.

[10] Éviter signi­fie “contour­ner un danger”.

[11] Indifférer, tout comme insup­por­ter de la ligne sui­vante, est une construc­tion familière.

[12] Comme jouir implique l’i­dée de chose agréable, il est éton­nant de l’u­ti­li­ser avec un com­plé­ment nom­mant quelque chose de défavorable.

[13] Si on désire réduire quelque chose, on ne peut espé­rer obte­nir un maxi­mum. L’expression cor­recte doit se com­prendre comme “des frais réduits au plus petit mon­tant”, donc au minimum.

[14] Fortuné signi­fie “chan­ceux”. On dit bien de quel­qu’un qui n’a pas de chance qu’il est infor­tu­né.

[15] L’adjectif aéro­dy­na­mique signi­fie “qui uti­lise la force de l’air”, comme par exemple un mou­lin à vent, qui n’a que peu de rap­ports avec les voitures …

[16] À implique une idée de des­ti­na­tion, de but, etc., tan­dis que de indique l’o­ri­gine.

[17] *pécu­nier n’existe pas !

[18] Sismique vient de séisme qui vient lui-même du grec σεισμός, seis­mos “ébran­le­ment”. Une secousse sis­mique est donc, en quelque sorte, une “secousse secouante”. Il vaut mieux évi­ter ce pléonasme.

[19] Un adverbe ne modi­fie jamais un nom ni un pro­nom, mais un verbe ou un adjec­tif. Soif étant un nom, il ne peut être modi­fié par très. Cette erreur est due à l’i­mi­ta­tion des expres­sions, cor­rectes celles-ci, comme très froid, très chaud, etc.

[20] Faste signi­fie ” favo­rable à quelque entreprise”.

[21] Difficultueux s’emploie seule­ment pour les per­sonnes ; il signi­fie “enclin à faire des dif­fi­cul­tés à tout propos”.

[22] Vitupérer est un verbe transitif.

[23] Le pré­fixe anti- signi­fiant déjà “contre”, il est inutile de le répé­ter en uti­li­sant la préposition.

[24] L’horizon est une ligne fer­mée. Il est donc dif­fi­cile de l’ouvrir …

[25] Conséquent signi­fie : “qui suit ou se suit”, “logique, qui rai­sonne bien”. On ne peut donc l’u­ti­li­ser avec le sens “impor­tant”.

[26] Imiter pré­sente quelque péjo­ra­tion dans ses conno­ta­tions. Si l’on veut évo­quer quelque chose de valo­ri­sant, comme un bon exemple, il vaut mieux uti­li­ser suivre.

[27] Imprimer nomme le pro­ces­sus qui consiste à pres­ser quelque chose.

[28] Une map­pe­monde étant éty­mo­lo­gi­que­ment une “carte du monde”, donc un objet plat, ce nom ne peut dési­gner la sphère qu’est un globe terrestre.

[29] Une olym­piade est la durée des quatre ans qui s’é­coulent entre deux Jeux Olympiques.

[30] Après que doit être suivi de l’in­di­ca­tif. C’est avant que qui exige le subjonctif.

[31] Quasiment est une créa­tion fan­tai­siste sur un adverbe latin. De ce fait, il vaut mieux uti­li­ser presque ou pour ainsi dire (pra­ti­que­ment avec le sens “presque” est un anglicisme).

[32] L’œil du cyclone est la par­tie tran­quille du cyclone. Cela est un bel exemple d’ex­pres­sion signi­fiant l’exact contraire de ce que l’on veut dire.

[33] Soi-disant signi­fie “disant quelque chose de soi”. Seul un humain peut dire une chose sur lui-même. Lorsqu’on parle de choses ou de concepts, on uti­lise pré­ten­du (sous-entendu : pré­ten­du par un humain).

[34] Le cha­land, à l’o­ri­gine d’acha­lan­dé, c’est le pas­sant, le client …

Françoise Nore

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