Jean-Luc Lagarce – Juste la fin du monde – Partie 2 – Scène 1 – analyse – 04

Temps de lec­ture : 4 minutes

Au seuil du conflit, une parole ambiguë

Régulièrement, dans l’architecture de la pièce, les mono­logues encadrent les scènes dia­lo­guées. Cette deuxième par­tie ne fait pas excep­tion. Louis conti­nue ici de jouer son rôle de maître de céré­mo­nie, de nar­ra­teur : c’est lui, mort, déjà, ou peut-être pas, qui nous raconte cette his­toire, qui nous en livre les scènes.
Ce sta­tut très par­ti­cu­lier n’est pas sans évo­quer le rhap­sode de l’antiquité. Interlocuteur de Socrate dans Ion de Platon, le rhap­sode déclame des épo­pées, alter­nant sans cesse entre pos­ture de nar­ra­teur et incar­na­tion des per­son­nages. Le cher­cheur en études théâ­trales, Jean-Pierre Sarrazac, a fait du rhap­sode une figure cen­trale pour com­prendre la com­plexi­té des drames modernes2. C’est bien cette figure que nous retrou­vons en Louis, à la fois per­son­nage et conteur, capable de s’adresser direc­te­ment au public pour lui expo­ser sa vision des faits, son res­sen­ti. Dès le com­men­ce­ment de cette deuxième par­tie, Louis nous raconte son départ : celui, bien sûr, de la mai­son, mais aussi, celui, plus méta­pho­rique, de sa mort pro­chaine. Il part donc, Louis, et il nous le dit, tout en sou­li­gnant éga­le­ment son échec. Qu’un per­son­nage raconte n’a rien
d’étonnant en soi. Il s’agit même d’une fonc­tion conven­tion­nelle du mono­logue. Cependant ce récit s’avère com­plexe, voire mys­té­rieux, tant il joue de la confu­sion des temps et des statuts.

Ce conte­nu est réser­vé aux abon­nés au pack EAF. (épreuves anti­ci­pées de français)

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