Tandis que l’élite apprécie les spectacles inspirés du théâtre antique, le grand public lui préfère la “commedia dell’arte”, forme de théâtre populaire, né en Italie, fortement basé sur l’improvisation ( On l’appelle aussi commedia improviso ‑comédie improvisée).
L’appellation commedia dell’arte est difficile à traduire. On peut parler de « comédie des artistes ». En effet, les pièces étaient jouées par des comédiens professionnels. On parle aussi de commedia alla maschara, puisque dans ce genre, les comédiens sont, la plupart du temps, masqués. Des troupes de comédiens créent des personnages typés (serviteurs comiques, vieillards, avocats, docteurs ridicules, amants, etc.). Ces mêmes personnages apparaissent dans des centaines de pièces bâties sur un canevas simpliste, qui fixe les grandes lignes, les entrées et les sorties, et certaines répliques classiques dévolues à chaque acteur. Dans ce cadre, les acteurs peuvent librement exécuter leurs jeux de scène et leurs morceaux de bravoure, appelés “lazzi”. Les personnages de ce répertoire gagnent peu à peu toute l’Europe. Les troupes ne jouent plus seulement dans les rues, mais aussi devant les courtisans.
Ce qu’il est important de savoir, en fait, c’est que la commedia dell’arte est jouée par des acteurs professionnels, masqués, présentée à l’extérieur, sur une scène publique et temporaire, avec des costumes simples. En effet, il faut savoir qu’au 15e siècle, cela était tout à fait nouveau ; à cette époque, le théâtre se faisait surtout de façon amateure, était écrit et se jouait sans masque, à l’intérieur, sur des scènes privées et avec des costumes assez élaborés. Ainsi, la commedia dell’arte est le contraire de la commedia erudita. Les acteurs qui jouaient de la commedia dell’arte se considéraient donc comme des artistes, et voulaient faire un théâtre de qualité. C’est pourquoi on pourrait traduire commedia dell’arte pas « comédie de l’art », ou « des artistes ».
La commedia dell’arte atteint son apogée entre 1550 et 1650, et marque de son influence des formes de théâtre très diverses, depuis le théâtre de marionnettes turc jusqu’aux pièces de William Shakespeare et de Molière.
Le nom de “commedia dell’arte” n’est apparu qu’au 18e siècle, alors que certains auteurs popularisèrent ce genre en France, dont notamment Carlo Goldoni.
Entièrement improvisée, la commedia dell’arte privilégie une relation « donnant-donnant » avec le public. Les comédiens jouaient, sur la place publique, des scènes drôles et grotesques. On tentait d’attirer la foule avec des personnages très typés.
Le canevas, support pour l’improvisation
Le canevas est le scénario sur lequel l’action est basée. C’est une création collective ; il le faut, puisque l’acteur qui improvise doit être suivi par les autres pour que l’action coïncide. Le canevas est sommaire : entrées et sorties, résumé de l’intrigue, grandes articulations de la fable et moments charnières, « punch », conclusion de la fable. Les comédiens empruntent et puisent partout leurs sujets, leurs intrigues. Les intrigues sont toujours simples. En italien, scenario signifie décor. Ça veut tout dire… le canevas sert donc de « décor » à la pièce, c’est à dire qu’il supporte.
Le canevas, donc, est un schéma qui dirige le jeu de l’acteur. En effet, certaines scènes peuvent être parfois écrites de façon à diriger l’action particulièrement. Ces scènes non improvisées sont appelées non scritta ou sei maschere. Dans tout bon canevas, l’acteur est libre d’improviser à son gré. L’acteur qui joue le rôle d’Arlequin, par exemple, fera à coup sûr un lazzi. Un lazzi, c’est une sorte de jeu de scène bouffon, une mimique improvisée qui caractérise le personnage. On peut comparer le lazzi à quand on s’arrête, dans la vie, pour attacher son soulier. C’est une partie inspirée de l’action, mais qui ne la fait aucunement avancer.
Au départ, le canevas mettait en scène surtout Arlequin et Pantalon, ou alors un zanni et Pantalon.
Le rire dépend du stéréotype, de la dérision, de l’exagération des caractères.
dramaction
Quelques personnages de la Commedia dell’arte