La Langue universelle est-elle possible ?

Temps de lec­ture : 10 minutes

La Bible nous raconte, à pro­pos de l’origine des langues, un mythe : c’est le mythe bien connu de la tour de Babel. Dieu, pour punir les hommes qui n’arrêtent pas de se dis­pu­ter entre eux, déci­da de divi­ser la langue qui, à l’origine, est la même pour tous, en de mul­tiples langues. A par­tir de l’origine idéale, celle d’une langue uni­ver­selle, qui est aussi, on le voit, l’idéal d’une huma­ni­té une et unie, on en est venu à une plu­ra­li­té, semble-t-il irré­duc­tible, des langues. Chaque nation a doré­na­vant sa propre langue.

Mais la langue uni­ver­selle n’a‑t-elle jamais eu d’existence ailleurs que dans le récit biblique ? Et peut-elle jamais être réalisée ?

I- Langue et culture

A- Langue et lan­gage (Saussure)

D’abord, on doit bien dis­tin­guer, afin de ne pas opé­rer de confu­sion néfaste au trai­te­ment de notre sujet, la “langue” et le “lan­gage”. En effet, comme nous le dit bien Saussure, le lan­gage n’est que la facul­té propre à tout homme en tant qu’homme, de pou­voir par­ler, et de faire usage de la langue.

La langue, quant à elle, est défi­nie comme “un ensemble de conven­tions néces­saires adop­tées par le corps social pour per­mettre l’usage de la facul­té du lan­gage chez les indi­vi­dus”. Dans cette défi­ni­tion, deux élé­ments sont impor­tants : en effet, nous pou­vons remar­quer que, contrai­re­ment au lan­gage, ce qui fait la dif­fé­rence spé­ci­fique de la langue, c’est qu’elle est conven­tion­nelle, et aussi, sociale. La langue est un sys­tème d’expression et de com­mu­ni­ca­tion, propre à un groupe humain déter­mi­né.

Par là, on devine déjà que ce qui carac­té­rise la langue sera quelque chose de cultu­rel. Ce sont les membres d’une com­mu­nau­té don­née qui attri­buent à un signi­fiant (image vocale ou acous­tique) un signi­fié (image men­tale ou concept). Ainsi, si un anglais, pour réfé­rer à ma “soeur”, uti­lise le signi­fiant “sis­ter”, en fran­çais, ce sera “soeur”.

Ce qui défi­nit donc la langue, c’est, au-delà de sa conven­tion­na­li­té, et donc, de son carac­tère arbi­traire, ainsi que son carac­tère cultu­rel et social, sa par­ti­cu­la­ri­té. Alors que le lan­gage est une capa­ci­té propre à tout homme en tant qu’homme, et à toute socié­té, aussi pri­mi­tive soit-elle (tout le monde parle), la langue, si évi­dem­ment elle est aussi, en ce sens, pré­sente par­tout, est plu­tôt à pen­ser comme une dif­fé­ren­cia­tion, ou une par­ti­cu­la­ri­sa­tion, de la facul­té uni­ver­selle qu’est le langage.

B- Le carac­tère conven­tion­nel et cultu­rel de la langue est un obs­tacle à l’existence langue uni­ver­selle (la cri­tique du cra­ty­lisme et de l’idéal d’une langue natu­relle, pre­mière expres­sion de la langue universelle)

Il semble donc que la défi­ni­tion même du terme de “langue”, nous invite à affir­mer que la langue uni­ver­selle s’avère être :

1) non seule­ment inexis­tante en fait, mais encore,

2) lit­té­ra­le­ment impos­sible à réaliser.

En effet,

1) Il est évident que la langue uni­ver­selle n’a aucune exis­tence de fait. Il semble que de tous temps les hommes ont exis­té en com­mu­nau­tés sépa­rées, et qu’ils n’ont pas uti­li­sé les mêmes termes pour dési­gner les mêmes choses.

2) Mais sur­tout, le carac­tère cultu­rel de la langue est ce qui semble faire obs­tacle à la réa­li­sa­tion d’un tel projet.

En effet, si la langue est liée à une culture par­ti­cu­lière, il semble bien qu’il soit impos­sible qu’il puisse exis­ter une même langue pour tous, au sens où elle serait alors com­mune à tout homme. Peut-on ou pourra-t-on jamais, par­ler un jour la même langue ? ‑Il semble plu­tôt qu’il y ait des fron­tières à jamais infran­chis­sables dans ce domaine.

Ainsi, la thèse de Saussure signi­fie que la langue n’est nul­le­ment une rela­tion simple entre signi­fiant et signi­fié. Ou même, qu’elle n’est nul­le­ment assi­mi­lable à la rela­tion natu­relle entre le mot et la chose, contrai­re­ment à ce que sou­te­nait Cratyle, dans le dia­logue du même nom de PLATON. Ainsi, en 383a, Cratyle affirme-t-il que le nom n’est rien d’autre que la pro­prié­té natu­relle de la chose. Ainsi, selon Cratyle, qui sou­tient une théo­rie natu­ra­liste du lan­gage, “il existe une déno­mi­na­tion natu­relle pour cha­cun des êtres”, “un nom n’est pas l’appellation que cer­tains donnent à l’objet après accord, en le dési­gnant par une par­celle de leur lan­gage, mais, il existe natu­rel­le­ment, et pour les Grecs et pour les Barbares, une juste façon de dénom­mer qui est la même pour tous”.

Si cette thèse est vraie, alors, la langue uni­ver­selle est tout à fait réa­li­sable. C’est ce que nous montre bien la der­nière phrase de ce texte. C’est bien l’idéal d’une langue uni­ver­selle, la même pour tous les hommes, au-delà des par­ti­cu­la­ri­tés cultu­relles, qui est ici repro­duit. Cratyle ne dit pas, certes, que cette langue uni­ver­selle, qui est ici syno­nyme de langue natu­relle, existe effec­ti­ve­ment. D’ailleurs, il appa­raît que des choses, ou des êtres, sont mal nom­més : on leur a donné des noms qui n’étaient pas conformes à leur nature, et ils sont faux. Ainsi Cratyle dit-il à Hermogène, tenant de la théo­rie conven­tion­na­liste du lan­gage, en 384a, que ” Hermogène ” n’est pas son vrai nom : en effet, le nom signi­fie “de la race d’Hermès”, dieu du gain ; or, Hermogène a des ennuis d’argent.

Ce que veut dire Cratyle, c’est que la langue uni­ver­selle est tout à fait pos­sible : il suf­fit de mode­ler les noms sur les pro­prié­tés réelles et natu­relles des choses. Alors, en effet, nous aurions un moyen d’entente facile : il suf­fi­rait de dési­gner chaque chose par le mot qui lui appar­tient en propre. En ce sens, on ne voit pas ce qui pour­rait bien faire obs­tacle à la réa­li­sa­tion d’une langue universelle :

a) elle ne serait plus liée aux déci­sions propres par­ti­cu­lières à chaque socié­té ou culture, et ne serait donc pas emprunte de tout le sous-bassement propre à chaque culture ;

b) et sur­tout, il serait pos­sible que tout homme en tant qu’homme la pra­tique en toute objec­ti­vi­té : nous dirions alors les mêmes choses avec les mêmes mots.

C- Difficulté du cra­ty­lisme : la langue n’est pas natu­relle (Saussure)

Mais on voit que si, chez Cratyle, la langue uni­ver­selle est réa­li­sable, en tant que langue natu­relle, et retour à ce qu’il peut y avoir avant toute inter­ven­tion des conven­tions humaines, c’est à la condi­tion que la langue se réduise à la rela­tion simple mot/chose. En ce sens, effec­ti­ve­ment, il est tout à fait pos­sible qu’il puisse y avoir une langue uni­ver­selle, puisque par­ler la même langue se réduit à employer les mêmes mots, pour dési­gner les mêmes objets.

Or, reve­nons à la défi­ni­tion saus­su­rienne de la langue : il y avait l’idée d’une cor­res­pon­dance (ins­ti­tuée par l’homme en socié­té) entre un signi­fié et un signi­fiant. Nous allons voir que tout n’est pas aussi simple que ce que croyait Cratyle !

En effet, dans son Cours de lin­guis­tique géné­rale, Saussure dit bien que le signi­fiant est l’empreinte psy­chique d’un son, et le signi­fié, est l’idée à laquelle ren­voie cette image. Ie, le signi­fié, ce à quoi réfère le signi­fiant, n’est pas la “chose”, mais le “concept”. (De même, le signi­fiant n’est pas le mot). Le signe lin­guis­tique est donc, non le rap­port d’un nom et d’une chose, mais le rap­port interne entre deux élé­ments psychiques.

Si bien que le rêve cra­ty­liste d’une langue natu­relle semble s’envoler, puisque :

a) la langue n’est pas une nomenclature

b) et sur­tout, elle implique un décou­page lin­guis­tique et/ou concep­tuel de la réalité.

Ainsi devient-il irréa­li­sable d’avoir une langue natu­relle (puisque le rap­port entre signi­fié et signi­fiant est com­plè­te­ment immo­ti­vé et arbi­traire) ; et com­plè­te­ment uto­piste de croire pou­voir avoir une même langue pour tous. La langue ne consiste pas seule­ment à par­ler : ie, ce qui suf­fit à dire que nous par­lons fran­çais ou anglais, n’est nul­le­ment l’emploi de mots comme “soeur” ou “sis­ter”, mais c’est que nous décou­pons, et clas­sons, la réa­li­té tout autre­ment les uns des autres. Et aussi, que les mots sont irré­mé­dia­ble­ment, de par leur ori­gine sociale, char­gés d’un sens qui n’est par­fois pas assi­mi­lable par d’autres.

Par exemple :

1) dire le mot “vache” en France et en Inde : nous avons beau par­ler hin­dou, quand nous uti­li­sons le mot hin­dou qui cor­res­pond à notre mot pour dési­gner ce que nous croyons être la même chose, nous ne par­lons pas de la même chose ou plu­tôt, du même concept. Pour un hin­dou, c’est en effet quelque chose de sacré, etc. Or, cela, la “chose” ne nous le dit pas. Il ne se passe donc pas la même chose en nous que chez l’hindou, quand nous pro­non­çons le même mot ‑même si la chose est la même.

2) Cf. aussi l’exemple de Levi Strauss, au début de la Pensée sau­vage : chez les chi­nook, on dit “la méchan­ce­té de l’homme tue la pau­vre­té de l’enfant”. On ne peut pas dire que cette phrase chi­nook cor­res­pond à la phrase fran­çaise “le méchant homme tue le pauvre enfant”.

En effet la phrase chi­nook est liée à la façon qu’ont les indi­gènes de voir le monde. Le décou­page lin­guis­tique du réel, dif­fé­rent du nôtre, est irré­duc­tible, car il est lié au sous-bassement cultu­rel propre à cette tribu (qui, en l’occurence, mul­ti­plie les espèces, alors que nous, nous sépa­rons indi­vi­dus, genres, espèces). On ne peut donc pas par défi­ni­tion tra­duire authen­ti­que­ment une langue dif­fé­rente de la nôtre, puisqu’on ne peut sor­tir de notre schème conceptuel.

Et, si on ne peut sor­tir de notre schème cultu­rel, de notre culture, aors, on voit mal com­ment la langue uni­ver­selle pour­rait bien être réa­li­sable. Il semble que l’obstacle majeur à la langue uni­ver­selle soit donc, tout sim­ple­ment, la dif­fé­rence et par­ti­cu­la­ri­té des cultures. La langue est pro­fon­dé­ment cultu­relle et sociale, et, comme nous le disions au début, par­ti­cu­lière par défi­ni­tion. On ne peut sor­tir de cette particularité.

S’il n’existe pas de langue uni­ver­selle, c’est donc parce qu’il n’existe pas une nature humaine unique ; mais cette der­nière est tou­jours particularisée.

II- La langue uni­ver­selle ne serait-elle pas plu­tôt à entendre comme l’ensemble des pro­prié­tés com­munes à toute langue ? (Chomsky)

Mais peut-être après tout avons-nous vu ci-dessus pris l’expression de langue uni­ver­selle au pied de la lettre, ou, en un sens trop fort.

En effet, peut-être avons-nous été trop naïfs devant cette expres­sion de “langue uni­ver­selle”. Nous avons dit qu’elle signi­fiait une même langue pour tous les hommes ‑et la ques­tion était alors de savoir si les hommes sont capables d’avoir une même langue. A cela, nous avons répon­du par la néga­tive, et nous avons dit que toute langue est par­ti­cu­lière par défi­ni­tion (au sens de par­ti­cu­lière à chaque peuple). En effet, si nous vou­lons alors dire que la langue uni­ver­selle soit réa­li­sable, il fau­drait que nous soyions tous d’une même culture, ce qui est, de facto, irréa­li­sable ‑quand bien même nous le voudrions…

Mais pour­quoi ne pas prendre l’expression de “langue uni­ver­selle” comme signi­fiant ce qui est com­mun à toute langue ? En ce sens, la ques­tion devient celle de savoir s’il existe des points com­muns entre les langues exis­tantes, ie, une struc­ture iden­tique. Elle serait alors, en ce sens, la struc­ture de l’esprit humain. Ce pro­jet de décou­vrir la langue uni­ver­selle, cette struc­ture lin­guis­tique d’où seraient déri­vées toutes les langues par­ti­cu­lières, correspond-il à une réa­li­té, ou est-il une illusion ?

A – Le pro­jet chom­skyen d’une gram­maire universelle

Il appar­tient à Chomsky d’avoir entre­pris un tel pro­jet : il estime, dans son oeuvre Le lan­gage et la pen­sée, avoir décou­vert ce qu’il appelle des “uni­ver­saux lin­guis­tiques”, ie, des struc­tures com­munes à toutes les langues et inhé­rentes à l’esprit humain. Du moins, si nous disons qu’il les a “décou­verts”, il serait plus appro­prié de dire que selon lui, cette hypo­thèse est néces­saire pour com­prendre l’apprentissage du lan­gage chez l’enfant.

Prenons un des exemples de Chomsky lui-même : selon lui, le prin­cipe selon lequel les règles d’une gram­maire par­ti­cu­lière dépendent de la struc­ture des phrases, est un prin­cipe qui fait par­tie de ce qu’il appelle la “gram­maire uni­ver­selle innée”, ie, l’ensemble des prin­cipes vrais dans toutes les langues naturelles.

Comment en arrive-t-il à cette affir­ma­tion ? En disant qu’on en a besoin pour expli­quer le fait que les enfants sont capables d’apprendre une langue qui a une gram­maire com­plexe en un laps de temps rela­ti­ve­ment court, et en se basant sur des don­nées limi­tées. On ne peut en rendre compte par l’hypothèse des essais et erreurs, donc, il ne reste plus, selon Chomsky, que son hypo­thèse : tout se passe comme si nous étions pré­dis­po­sés à apprendre une gram­maire qui com­porte ce genre de règles, et comme si cette connais­sance était par consé­quent déjà ins­crite dans la struc­ture de la facul­té du langage.

Chomsky sou­tient donc la thèse selon laquelle il existe une gram­maire uni­ver­selle innée, qui serait le domaine de com­pé­tences spé­ci­fique à notre espèce, ou encore, notre capa­ci­té cog­ni­tive propre.

On voit donc ici que la langue uni­ver­selle est, pour Chomsky, l’hypothèse la plus expli­ca­tive de l’apprentissage de la langue. Elle en rend compte : c’est donc qu’elle doit exis­ter. Il existe bien des points com­muns à toute langue, et même, une struc­ture uni­ver­selle de la langue (non, précisons-le, du lan­gage), et donc, de l’esprit humain lui-même. Ceci est tout à fait contraire à la thèse que nous avons tout à l’heure défen­due, puisque, en effet, nous avons dit que ce qui fai­sait irré­mé­dia­ble­ment obs­tacle à la réa­li­té de la langue uni­ver­selle, c’était que l’homme est avant tout un être cultu­rel, et qu’il ne pou­vait par consé­quent, jamais avoir la même struc­ture concep­tuelle (= pen­ser les choses de la même façon). Ici, nous avons, avec Chomsky, la pos­si­bi­li­té de la réa­li­sa­tion d’une langue uni­ver­selle. En effet, nous avons l’idée de base struc­tu­relle ou gram­ma­ti­cale, qui serait une et la même pour tous.

B- Difficultés de ce projet

La thèse chom­skyenne est donc bien sédui­sante. Mais, de nou­veau, qu’est-ce qui nous garan­tit de son bien-fondé ? Qu’est-ce qui nous assure que la langue uni­ver­selle au sens chom­skyen, n’est pas un mythe, ie, une illusion ?

En effet,

a) d’abord, la thèse chom­skyenne n’est qu’une hypo­thèse expli­ca­tive, et a prio­ri en quelque sorte : qu’est-ce qui nous per­met par consé­quent, de pou­voir être assu­rés de sa véri­té, ie, de l’existence effec­tive de sa gram­maire uni­ver­selle innée, ou d’un noyau com­mun à toutes les langues (qui nous laisse ainsi l’espoir de réa­li­ser une véri­table langue universelle)?

Si il est vrai qu’on constate de nom­breux points com­muns entre les langues, en effet, comme par exemple : des phrases, des verbes, etc., qu’est-ce qui nous assure que ce n’est pas dû à d’autres causes possibles ?

b) Pourquoi pas le hasard ? Par exemple, le fait qu’il y a eu des échanges cultu­rels ; ou encore,

c) pour­quoi les langues ne dériveraient-elles pas his­to­ri­que­ment d’une langue com­mune unique ? (évi­dem­ment, ici, on pos­tule alors que l’existence ori­gi­naire d’une langue uni­ver­selle n’a pas été qu’un mythe).

Ou d) pour­quoi pas en rendre compte par une sélec­tion naturelle ?

De plus, ne pourrait-on pas objec­ter à Chomsky que rien ne nous assure qu’il ne tombe pas, dans ses recherches, sous le coup de l’illusion propre à tout obser­va­teur situé par défi­ni­tion dans une culture déterminée ?

En effet, si notre thèse selon laquelle nous ne pou­vons jamais sor­tir de notre propre schème concep­tuel est vraie, alors, rien ne peut jamais nous per­mettre de véri­fier le bien-fondé d’une telle thèse. Peut-être projette-t-il encore sur les autres langues, des carac­té­ris­tiques propres à la sienne, ce qui l’empêche de com­prendre les dif­fé­rences des autres langues. Peut-être même participe-t-il d’une entre­prise radi­ca­le­ment occi­den­tale, ou ratio­na­liste, qui veut tout réduire à l’identique.

Enfin, son hypo­thèse étant a prio­ri, nous n’avons de toute façon aucun moyen de la vérifier.

Conclusion

Le pro­jet de réa­li­ser une langue uni­ver­selle nous a paru impos­sible en rai­son du fait que la langue est un décou­page concep­tuel de la réa­li­té, ce qui fait que toute entente réelle est à jamais impos­sible. Mais il nous semble pos­sible, tou­te­fois, qu’il existe une langue uni­ver­selle au sens d’une struc­ture uni­ver­selle de toutes les langues. Certes, nous venons de le voir, ce n’est qu’une pos­si­bi­li­té parmi d’autres seule­ment, et qui pour­ra donc tou­jours avoir ses détrac­teurs. Mais, nous pou­vons dès lors au moins émettre la pos­si­bi­li­té que la langue uni­ver­selle n’est pas un mythe. Si Chomsky a rai­son, en effet, alors, elle n’est pas un mythe, et l’obstacle cultu­rel n’en est plus vrai­ment un. Toutefois, le seul véri­table pro­jet de langue uni­ver­selle qui semble pou­voir abou­tir, ou du moins être par­fai­te­ment conce­vable, est celui qui existe au sein des langues arti­fi­cielles, puisque chaque signe employé est uni­voque et n’est que for­mel, et, de plus, elle existe de fait.

Philocours

Et si vous chan­giez d’air ?

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