Depuis une cinquantaine d’années, l’opposition entre défenseurs des droits de la nature et défenseurs des droits humains n’est plus aussi radicale. On s’interroge philosophiquement et juridiquement sur les liens entre les hommes et la nature. Irait-on vers une indistinction des genres ?
À la fin des années 60, la société Walt Disney projeta d’installer une station de sports d’hiver dans une vallée de la Californie, célèbre pour ses séquoias. L’association de protection de la nature, le Sierra Club, s’y opposa, mais la cour rejeta la demande en avançant l’impossibilité d’arguer d’un préjudice personnel dans le cas de la nature.
Dès l’ouverture du procès, le juriste Christopher Stone proposa, dans un article fondateur, d’accorder des droits aux arbres et « à l’environnement naturel dans son ensemble », par ce texte il contribua à une prise de conscience éthique.
Cinquante ans plus tard, en 2017, le parlement néo-zélandais accorde le statut de personne juridique au fleuve Whanganui, et quelques jours plus tard, en Inde, la Haute-Cour de l’état himalayen décrète que les fleuves Gange et Yamuna seront désormais des entités vivantes ayant le statut de personne morale.
Peut-on vraiment revendiquer le droit pour un arbre de plaider ou pour un fleuve d’exister comme personne juridique et morale ? Et si l’avenir de l’écologie était inconcevable sans l’affirmation officielle de Droits de la nature ?