Le “soft power”

Temps de lec­ture : 2 minutes

Le soft power , ou « puis­sance douce », repré­sente les cri­tères non coer­ci­tifs de la puis­sance, géné­ra­le­ment d’un État, et en par­ti­cu­lier parmi ces cri­tères l’in­fluence culturelle.

Défini par le géo­po­li­to­logue amé­ri­cain Joseph Nye en 1990 comme « l’ha­bi­le­té à séduire et à atti­rer » (Nye, 1990), le concept de soft power met en pers­pec­tive la notion de puis­sance dans un cadre non conven­tion­nel. À l’in­té­rieur des rela­tions inter­éta­tiques, la tra­di­tion géo­po­li­tique dis­tingue deux types de rela­tions entre les nations. Les pre­mières reposent sur la puis­sance tra­di­tion­nelle, c’est-à-dire sur un rap­port symé­trique de riva­li­té et de négo­cia­tion (hard power ou « puis­sance dure »). Dans l’é­co­no­mie géo­po­li­tique tra­di­tion­nelle, la guerre mesure les forces, quant à la diplo­ma­tie, elle cherche les com­pro­mis, les accords. Enfin l’é­co­no­mie et le com­merce entre nations sup­posent à leur tour l’é­change. Les secondes rela­tions inter­éta­tiques reposent sur l’in­fluence (soft power). Elles relèvent donc d’une rela­tion asy­mé­trique entre un influen­cé et un influant, lequel, par son pres­tige, par les liens qu’il a créés hors de ses fron­tières avec les élites et les popu­la­tions étran­gères, par l’at­trac­tion de son modèle cultu­rel ou poli­tique, par les pré­ju­gés favo­rables dont il jouit, a la capa­ci­té d’in­fluen­cer les autres nations, d’ob­te­nir, par la coop­ta­tion, des résul­tats stra­té­giques en sa faveur, de défi­nir l’a­gen­da poli­tique à l’in­ter­na­tio­nal. Au sein des rela­tions inter­na­tio­nales, obte­nir à un pre­mier niveau la neu­tra­li­té de gou­ver­ne­ments ini­tia­le­ment défa­vo­rables à sa cause n’est pas négli­geable. Désarmer l’hos­ti­li­té d’au­trui, d’autres nations, revêt une impor­tance stra­té­gique. À un stade supé­rieur, la stra­té­gie d’in­fluence se met en branle afin d’ob­te­nir le contrôle de zones et de réseaux pour sus­ci­ter des com­por­te­ments favo­rables. À ce niveau, le com­merce devient pos­sible, ainsi que l’ob­ten­tion de sou­tiens poli­tiques dans les orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales. Ce genre de rela­tions pri­vi­lé­giées per­met de se créer des alliés et donc un sou­tien mul­ti­la­té­ral aux causes défen­dues par la nation influente. Au der­nier stade, lorsque les méthodes de per­sua­sion et de séduc­tion visent à pro­duire un mimé­tisme total, une adhé­sion abso­lue, les valeurs de la nation influente et sa vision du monde sont par­ta­gées par l’Autre, qui en vient à se com­por­ter selon son modèle. Le consen­te­ment de « l’in­fluen­cé » ne s’ex­plique ni par la menace ni par une quel­conque récom­pense expli­cite. La stra­té­gie est indi­recte, bien que pou­vant être délibérée.

Nashidil Rouiaï

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