Le Traité de Versailles

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Après quatre années de guerre, le 18 jan­vier 1919, les repré­sen­tants des trente-deux pays bel­li­gé­rants se retrouvent à Paris pour éla­bo­rer le trai­té de Versailles (et fon­der la Société des Nations). 

Le traité de Versailles ne va cesser d’obliger ceux qui en ont été les acteurs – et qui voulaient la paix – à se justifier de ses conséquences. Comment expliquer que ce moment soit devenu un point de fixation des inimitiés internationales ? 

Georges-Henri Soutou : C’est en effet le Traité de toutes les insa­tis­fac­tions. C’est très frap­pant quand on lit les compte-rendus de débats pour sa rati­fi­ca­tion dans les chambres fran­çaises, per­sonne n’est content : pas assez dur pour les uns, ou au contraire trop impé­ria­liste pour les socia­listes. Par rap­port à l’immensité des pertes et des souf­frances subies au cours de la guerre, il y a une décep­tion. Que l’on soit de gauche ou de droite, tout le monde pense que le Traité n’assure pas la sécu­ri­té. Et dès 1920, quand il faut com­men­cer à mettre en œuvre ses dis­po­si­tions, les dif­fi­cul­tés com­mencent : concrè­te­ment, ça ne marche pas. Pour la Grèce, pour l’empire otto­man, ça ne marche pas. En somme, per­sonne n’est satis­fait, y com­pris chez les vain­queurs. Quant aux Etats-Unis, dans la mesure où le pré­sident Wilson n’a pu le faire rati­fier par le Sénat, le Traité est inexé­cu­table sur le plan éco­no­mique et finan­cier. Wilson est déci­dé à uti­li­ser le fait que les Alliés auront besoin des cré­dits amé­ri­cains pour se recons­truire. Conscient de la puis­sance amé­ri­caine, il pense pou­voir dire aux Français et aux Britanniques, dès que leurs opi­nions publiques seront cal­mées, qu’il faut revoir les exi­gences en matière de répa­ra­tions, que le Traité per­met de tenir davan­tage compte des pos­si­bi­li­tés réelles de paie­ment de l’Allemagne, et de réin­té­grer celle-ci dans une éga­li­té de droits éco­no­miques et com­mer­ciaux. Mais cela aussi, ça va échouer. 

Qu’a‑t-on perdu avec cette paix de 1919 ?

Georges-Henri Soutou : La pos­si­bi­li­té de faire ce qu’avaient fait les Alliés en 1814 – 1815 au Congrès de Vienne. A l’époque, la France napo­léo­nienne, vain­cue, avait été très vite réin­té­grée dans le concert euro­péen, avec des droits égaux. Et on n’a pas pré­ten­du faire peser sur elle une faute morale, onto­lo­gique, voire cultu­relle. Cette rhé­to­rique mora­li­sa­trice va être une des grandes nou­veau­tés du Traité de Versailles. Quand on regarde la nais­sance du mou­ve­ment national-socialiste, son audience est au départ limi­tée mais elle va pro­gres­ser à cause d’un ensemble d’éléments qui sont liés à ces taches sur l’honneur alle­mand, à une époque où ces notions d’honneur natio­nal sont dominantes.

Le Traité de Versailles



Études et ana­lyses littéraires

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