Le système éducatif
Les objectifs de l’éducation, même s’il s’agit toujours de former une élite, a évolué depuis l’antiquité. Il s’agissait alors de former le citoyen, capable de soutenir la puissance des cités en Grèce, la république ou l’empire à Rome. Au Moyen-Âge, le but est de former de parfaits chrétiens, ce qui explique que les écoles sont prises en charge par l’Église, dans les monastères mais aussi dans des écoles rattachées aux églises et aux cathédrales dans les villages et les villes.
Mais les contenus de l’enseignement n’ont pas changé : d’abord le « trivium », grammaire, rhétorique et dialectique, puis le « quadrivium », arithmétique, géométrie, astronomie, musique. Pour les jeunes gens de la noblesse, l’éducation accorde une large place aux maniement des armes, et à toutes sortes d’activités physiques, les jeunes filles, elles, sont éduquées pour être de parfaites épouses et mères, en maîtrisant les tâches ménagères. Dans le peuple, en revanche, les jeunes gens étant destinés à poursuivre le métier de leur père, la scolarisation est réduite au minimum indispensable, les femmes devant aider aux travaux agricoles ou de commerce : l’analphabétisme domine largement dans les campagnes. C’est par l’apprentissage, dispensé par des « maîtres » au sein des corporations d’artisans, que s’apprennent les métiers plus techniques.
Ce n’est qu’en 1200 que le roi Philippe Auguste emploie le mot « universitas » pour définir l’ensemble des maîtres et étudiants, appelés « clercs », qui poursuivent des études supérieures : il leur accorde des droits judiciaires, puis, en 1215, les statuts sont fixés pour l’université de la Sorbonne, ainsi que les programmes et la discipline. L’université joue ainsi un rôle important, notamment pour contrôler les publications.
La tradition scolastique
La scolastique désigne l’enseignement philosophique donné aux clercs dans les écoles monastiques et dans les universités, notamment celle de Paris, du douzième au quinzième siècle, largement asservi à la théologie et soumis à l’autorité du philosophe grec Aristote. Il s’agissait surtout d’apprendre à lire les textes sacrés, à prêcher, à démontrer les dogmes. Il fallait donc maîtriser la langue avec ses trois composantes : la grammaire, la rhétorique et la dialectique.
Même quand on s’éloignait du sacré, l’idée restait encore d’acquérir un savoir livresque, que l’on pouvait restituer par cœur, d’argumenter sur tous les sujets (même les plus ridicules : « est-ce l’homme ou la corde qui tient le cochon qu’on mène au marché pour le vendre ? ») en dégageant le « pour » et le « contre » (à la façon des sophistes de l’antiquité) de façon très pédante, en s’appuyant sur les citations livresques. On étudie aussi la glose, c’est-à-dire les interminables commentaires faits par des savants sur un même ouvrage. Les pratiques pédagogiques sont donc figées, il s’agit avant tout de reproduire des modèles, des exemples… et, en cas d’échec ou d’indiscipline, le maître ne recule pas devant les châtiments corporels.
Rabelais dans son Gargantua fera la critique de ce système éducatif
Cotentin Ghislaine