Dans les années 1970, les alertes sur la situation environnementale provoquent des secousses dans les cercles économiques. La finitude des ressources non renouvelables empêchera une croissance infinie, contrairement à ce que prévoyaient les modèles néoclassiques. Faut-il revoir ces derniers ?
Selon une étude britannique publiée le 2 février, si le PNB par habitant mondial a doublé depuis 1992, le « capital naturel » – l’estimation des bénéfices tirés de services offerts par la Nature – a, de son côté, chuté de 40 % par tête. Une conclusion s’impose : les modèles économiques fondés sur la seule croissance n’intègrent pas les bénéfices tirés de la biodiversité. L’orthodoxie néoclassique, en effet, dans les sujets qu’elle aborde et les outils qu’elle utilise, n’a dans son histoire que très peu abordé la question environnementale.
Dans les années 1970, les deux chocs pétroliers et la publication du rapport Meadows remuent la sphère économique et remettent en question les théories néoclassiques d’une croissance infinie fondée sur l’accumulation du capital. Les néoclassiques tentent donc d’intégrer le paramètre de la finitude des ressources dans leurs modèles, mais pour des raisons économiques pures : l’exploitation des ressources non renouvelables pose nécessairement des limites à la croissance, il s’agit donc de trouver des solutions. Le progrès technique, qui permettra nécessairement selon eux de consommer moins d’énergie et mieux, est alors la solution principale mise en avant par l’orthodoxie économique.
Depuis les années 1970 cependant, la croissance et les gains de productivité n’étant plus au niveau des Trente Glorieuses, il apparaît évident que le progrès technique et les forces du marché ne permettront pas de conjuguer croissance économique et protection de l’environnement à long terme. Le courant de l’économie écologique se développe donc, en opposition aux modèles néoclassiques. Il ne rejette cependant pas tous les outils de ces derniers, et veut au contraire les utiliser pour mieux les mettre au service de la question environnementale. La taxe carbone, la réduction du commerce international ou la modification des droits de propriété sur les ressources naturelles sont autant de solutions envisagées pour résoudre la question environnementale et permettre une croissance durable.