Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de juin se montre très alarmiste sur les effets du réchauffement climatique. Pour ces experts scientifiques de l’ONU, pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C, le monde doit, d’ici à 2030, réduire ses émissions de 45 % par rapport à 2010.
Réchauffement climatique : Le pire est à venir selon les experts du Giec
Le Giec estime qu’une hausse des températures supérieure à 1,5°C pourrait entraîner « progressivement des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles ». Les aléas climatiques provoqueront une hausse des « pertes soudaines » dans les systèmes de production alimentaire, que ce soit de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche ou de l’aquaculture. Selon les experts, jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront menacées par la faim d’ici à 2050, le manque d’eau pourrait mettre en péril la riziculture dans 40 % des régions productrices. Les prix pourraient grimper de 30 % d’ici à trente ans et faire basculer plus de 180 millions de pauvres au bord de la malnutrition chronique, très majoritairement en Afrique et en Asie du sud-est. Si les températures progressent de 1,5°C à 2°C, 420 millions de personnes de plus seraient exposées à des chaleurs extrêmes et 65 millions à des canicules exceptionnelles tous les cinq ans.
Accords de Paris, loi “climat et résilience”…
Le 12 décembre 2015, 195 pays signaient “les Accords de Paris”, un accord historique pour le climat lors de la COP21. Premier accord international depuis le Protocole de Kyoto à engager une majorité de nations dans un mécanisme collectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il fixait l’objectif de limiter à 1,5 degré voire 2 degrés le réchauffement climatique à l’horizon 2100 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour lutter contre le réchauffement climatique, la loi “climat et résilience” a été adoptée le 24 août 2021. Elle est inspirée des travaux des 150 membres de la convention citoyenne qui ont planché pendant 8 mois pour définir une série de mesures permettant d’atteindre une baisse d’au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990). On y retrouve des mesures comme la suppression de lignes aériennes intérieures en cas d’alternatives en train de moins de 2h30 ou l’interdiction de mise en location des « passoires thermiques » en 2025 et 2028. Egalement dans cette loi “climat et résilience”, des villes moins polluées avec des zones où les voitures les plus polluantes seront laissés à l’extérieur des centres-villes, des citoyens mieux informés et moins de publicité, moins d’emballage, un soutien aux énergies renouvelables, moins de bétonisation des terres et un renforcement de la protection judiciaire de l’environnement.
Cop26 : Les bons et les mauvais élèves
Au 25 octobre, 143 Etats sur les 191 qui devaient limiter à 1,5 degré voire 2 degrés le réchauffement climatique à l’horizon 2100 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, soit 61 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, ont pris des engagements nouveaux. La Chine, premier émetteur mondial (27 % du total) a officiellement transmis les siens jeudi aux Nations unies, à trois jours de la COP26. Ils reprennent les objectifs de sa feuille de route, à savoir atteindre son pic d’émissions « avant 2030 » et la neutralité carbone « avant 2060 ». Son président Xi Jinping n’ira pas à Glasgow… La Russie, qui vise le même objectif de neutralité carbone, ne sera pas non plus représentée par Vladimir Poutine à la Cop26.
En revanche, après avoir laissé planer le suspense, Narendra Modi, le Premier ministre indien, viendra à la COP26, entretenant l’espoir d’un nouvel engagement ferme. A ce jour, l’Inde, deuxième plus gros pollueur de la planète, n’a pas publié de nouvelles contributions climatiques déterminées au niveau national. Les autres pays les plus émetteurs, comme ceux du Golfe et l’Australie, se sont réengagés, mais de façon peu contraignante. Quant aux Etats-Unis, s’ils se sont remis dans le tempo, en affichant un objectif de réduction de 50 à 52 % de leurs gaz à effet de serre d’ici 2030, il va leur falloir le rendre crédible.
La COP 26 qui se tiendra jusqu’au 12 novembre doit notamment permettre aux états-parties de s’accorder sur l’orientation des marchés vers un système mondial de taxe sur le carbone qui permette la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Parmi les objectifs fondamentaux figure aussi la fin de la dépendance au charbon, l’élimination progressive des combustibles fossiles, la fin des investissements dans l’économie grise ou brune.
La mobilisation du secteur financier
L’un des enjeux principaux de cet Cop26 est la mobilisation de la finance Preuve de l’importance de ce défi, le parrain de cette COP, n’est autre que Mark Carney, l’ancien patron de la Banque d’Angleterre et l’un des chantres de la finance verte. Concrètement, parvenir à la neutralité carbone en 2050 afin de maintenir la hausse des températures sous les 1,5 °C, implique un effort colossal : il faut décarboner l’industrie, les transports, développer les énergies renouvelables, électrifier le parc automobile, rénover les logements, repenser l’agriculture… Tout ceci nécessite de mobiliser 6.900 milliards de dollars par an d’ici 2030, d’après les estimations de l’OCDE. Une somme qui ne peut pas reposer uniquement sur les Etats. D’autant que ces derniers peinent eux-mêmes à être à la hauteur du défi. En 2009, lors de la conférence sur le climat de Copenhague, les pays du Nord avaient promis 100 milliards de financement annuel à partir de 2020 pour les pays du Sud pour les aider à lutter contre le changement climatique. Non seulement les 100 milliards n’ont toujours pas été récoltés, mais surtout, ce montant est très inférieur aux besoins réels. Selon le dernier bilan publié par l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en septembre, en 2019 l’ensemble des aides versées par les pays riches aux pays moins développés n’a atteint que 79,6 milliards de dollars… La mobilisation des institutions financières est également nécessaire dans la mesure où elles font partie des plus émettrices de CO2, à travers notamment les émissions produites par les entreprises présentes dans leur portefeuille d’investissement et de financement. La semaine dernière, les grandes banques françaises se sont aussi engagées, dès 2022, à ne plus financer « les projets dédiés aux hydrocarbures non-conventionnels » ainsi que « les entreprises dont la part d’hydrocarbures non conventionnels dans l’exploration et la production seraient […] au-delà de 30 % de leur activité ».
Que peut-on attendre de cette Cop26 ? Les Etats parviendront ils à se mettre d’accord sur de nouveaux accords pour réduire la production de gaz à effet de serre ? Nous en discutons avec nos invités.