La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce prince était galant, bien fait et amoureux ; quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants.
Comme il réussissait admirablement dans tous les exercices du corps, il en faisait une de ses plus grandes occupations. C’étaient tous les jours des parties de chasse et de paume, des ballets, des courses de bagues, ou de semblables divertissements ; les couleurs et les chiffres de madame de Valentinois paraissaient partout, et elle paraissait elle-même avec tous les ajustements que pouvait avoir mademoiselle de La Marck, sa petite-fille, qui était alors à marier.
La présence de la reine autorisait la sienne. Cette princesse était belle, quoiqu’elle eût passé la première jeunesse ; elle aimait la grandeur, la magnificence et les plaisirs. Le roi l’avait épousée lorsqu’il était encore duc d’Orléans, et qu’il avait pour aîné le dauphin, qui mourut à Tournon, prince que sa naissance et ses grandes qualités destinaient à remplir dignement la place du roi François premier, son père.
L’humeur ambitieuse de la reine lui faisait trouver une grande douceur à régner ; il semblait qu’elle souffrît sans peine l’attachement du roi pour la duchesse de Valentinois, et elle n’en témoignait aucune jalousie ; mais elle avait une si profonde dissimulation, qu’il était difficile de juger de ses sentiments, et la politique l’obligeait d’approcher cette duchesse de sa personne, afin d’en approcher aussi le roi. Ce prince aimait le commerce des femmes, même de celles dont il n’était pas amoureux : il demeurait tous les jours chez la reine à l’heure du cercle, où tout ce qu’il y avait de plus beau et de mieux fait, de l’un et de l’autre sexe, ne manquait pas de se trouver.
Jamais cour n’a eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits ; et il semblait que la nature eût pris plaisir à placer ce qu’elle donne de plus beau, dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes. Madame Élisabeth de France, qui fut depuis reine d’Espagne, commençait à faire paraître un esprit surprenant et cette incomparable beauté qui lui a été si funeste. Marie Stuart, reine d’Écosse, qui venait d’épouser monsieur le dauphin, et qu’on appelait la reine Dauphine, était une personne parfaite pour l’esprit et pour le corps : elle avait été élevée à la cour de France, elle en avait pris toute la politesse, et elle était née avec tant de dispositions pour toutes les belles choses, que, malgré sa grande jeunesse, elle les aimait et s’y connaissait mieux que personne. La reine, sa belle-mère, et Madame, soeur du roi, aimaient aussi les vers, la comédie et la musique. Le goût que le roi François premier avait eu pour la poésie et pour les lettres régnait encore en France ; et le roi son fils aimant les exercices du corps, tous les plaisirs étaient à la cour. Mais ce qui rendait cette cour belle et majestueuse était le nombre infini de princes et de grands seigneurs d’un mérite extraordinaire. Ceux que je vais nommer étaient, en des manières différentes, l’ornement et l’admiration de leur siècle.
Ce passage, placé au début du roman, présente le contexte historique du récit. Comment, à travers un incipit, Madame de La Fayette rend-elle la vie à une époque révolue, tout en donnant de précieux renseignements qui vont permettre au lecteur de mieux comprendre la suite de l’oeuvre ?
I- Le cadre spatio-temporel et l’intrigue.
Comme tout incipit, ce passage plante le lieu et l’époque, ainsi que l’intrigue.
1°- L’époque et le lieu.
● L’époque :
- L’isotopie de la cour : « Règne, Henri second (l.2), prince (l.3), Diane de Poitiers (l.4), duchesse de Valentinois (l.4, 21), parties de chasse et de paume (l.8), ballets, courses à la bague (l.9), Madame de Valentinois (l.10), Mademoiselle de la Marck (l.12), reine (l.13, 19, 26, 32), princesse (l.13), roi (l.15, 20, 24, 35), duc d’Orléans (l.15 – 16), dauphin (l.16), prince (l.16, 24), roi François I (l.18), régner (l.20), duchesse (l.23), cour (l.29, 36), princesses (l.31), princes (l.32, 37), roi François (l.33 – 34), seigneur (l.37) », qui développe les champs lexicaux de :
La royauté (l.2, 13, 15, 16, 18, 19, 20, 24, 26, 29, 32, 33 – 34, 35, 36).
La noblesse (l.3, 4, 10, 12, 13, 15 – 16, 21, 23, 24, 31, 32, 37).
Les jeux de cour (l.8, 9) :
v Le jeu de paume : Jeu de balle pratiqué depuis près d’un millénaire. Initialement joué à main nue ou gantée de cuir, il est ensuite devenu un sport de raquettes. Il est l’ancêtre direct de la pelote basque, du tennis, et plus généralement de tous les sports de raquettes.
v La course à la bague : Dans les courses de chevaux, il n’y avait que des prix équestres, par galanterie, les dames ont été transformées en juges de ce style de divertissement. La bague est placée à hauteur du front du cavalier qui doit arriver, alors qu’il est au galop, à la faire glisser au bout de sa lance.
v La chasse, souvent à courre, ou avec l’aide d’oiseaux de proie, et les ballets étaient des passe-temps typiquement nobles.
═► L’action se déroule durant la monarchie française, comme l’atteste la répétition du nom propre : « France » (l.1, 35), donc ni durant les période révolutionnaires, ni en république, ce qui paraît évident, si l’on regarde la date du parution de l’œuvre.
- Champ lexical des personnages historiques nommés : « Henri second (l.1), Diane de Poitiers (l.3 – 4), duchesse de Valentinois (l.4, 21), Madame de Valentinois (l.10), Mademoiselle de la Marck (l.12), duc d’Orléans (l.15 – 16), François I (l.18), le roi François (l.33 – 34) », combiné à celui des périphrases qui désignent d’autres personnages historiques : « La reine (l.13, 19, 26, 32), cette princesse (l.13), le roi (l.15, 24), le dauphin (l.16), du roi (l.20, 32), cette duchesse (l.23), ce prince (l.24), Madame, sœur du roi (l.32), le roi son fils (l.35) » :
« La reine (l.13, 19, 26, 32), cette princesse (l.13) » représente Catherine de Médicis, épouse d’Henri II.
« Le roi (l.15, 24), ce prince (l.24), le roi son fils (l.35) » représente Henri II.
« Le dauphin » (l.16) représente le premier dauphin, François, dit « de Viennois », duc de Bretagne et décédé en 1536, à Tournon, après avoir absorbé un verre d’eau à Lyon, ce qui a alimenté de nombreuses rumeurs d’empoisonnement, car il paraissait en bonne santé, avant la mort de son père.
« Cette duchesse » (l.23) représente Diane de Poitiers, la maîtresse d’Henri II.
« Madame, sœur du roi » (l.32) est certainement Marguerite de Savoie, la seule sœur viable qu’il soit restée à Henri II.
═► L’action va se situer au XVIème siècle, sous le règne d’Henri II, c’est-à-dire entre 1547 et 1559.
- La concessive : « Quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans » donne une indication temporelle plus précise : Diane de Poitiers a commencé à s’occuper d’Henri II, alors qu’il avait 11 ans, à son retour de captivité en Espagne, puisqu’elle avait été chargé par François I de le policer à la vie de cours, et de faire son éducation. Le jeune garçon a commencé à éprouver de l’amour pour cette femme, de vingt plus âgée que lui, à l’âge de 12 ans, en lui dédiant l’un de ses premiers tournois. Ils sont devenus amants en 1538. Si la passion du roi date, comme le montre l’hyperbole, de « Plus de vingt ans » (l.4 – 5), il est possible d’envisager que l’action se situe aux alentours de 1558, ce qui est accentué par :
La périphrase : « Les dernières années du règne d’Henri second » (l.2).
La concessive qui qualifie Catherine de Médicis : « Quoiqu’elle eût passé la première jeunesse » (l.14) : Cette reine avait le même âge que son époux, si elle a largement dépassé les trente ans, lui aussi.
La temporelle : « Le roi l’avait épousée lorsqu’il était encore duc d’Orléans, et qu’il avait pour aîné le dauphin » (l.15 – 16), à savoir avant 1533.
- Cette époque appartient au passé, comme l’attestent la présence de temps du passé :
L’imparfait, qui exprime les actions révolues, mais qui ont duré ou qui ont été répétitives, ou qui sert aux descriptions : « Etait (l.2, 5, 12, 13, 25, 36), avait (l.4, 16, 22, 26, 34), donnait (l.5), réussissaient (l.6), faisait (l.7), étaient (l.8, 36), paraissaient (l.10), paraissait, pouvait (l11), autorisait (l.13), aimait (l.14), destinaient (l.17), faisait (l.19), semblait (l.20), témoignait (l.21), obligeait (l.23), aimait (l.24), demeurait (l.25), manquait (l.27), semblait (l.30), aimaient (l.33), régnait (l.34), rendait (l.36) ».
Le passé simple, qui souligne les actions révolues, mais qui ont été rapide ou ponctuelles : « Mourut (l.16) ».
Le plus-que-parfait, temps d’un passé révolu et surtout très lointain : « Avait épousée » (l.15).
Le passé composé, dit présent du passé, qui concerne des actions plus récentes dans le passé, ou qui sont toujours vivantes dans l’esprit du narrateur : « Ont jamais paru (l.1), n’a eu (l.29) ».
● Isotopie du lieu : « France (l.1, 35), Tournon (l.16), chez la reine (l.26), cour (l.29, 36) », qui développe les champs lexicaux de :
- La France (l.1, 16, 35).
- La Cour (l.26, 29, 36), lequel est renforcé par l’isotopie de la cour : « Règne, Henri second (l.2), prince (l.3), Diane de Poitiers (l.4), duchesse de Valentinois (l.4, 21), parties de chasse et de paume (l.8), ballets, courses à la bague (l.9), Madame de Valentinois (l.10), Mademoiselle de la Marck (l.12), reine (l.13, 19, 26, 32), princesse (l.13), roi (l.15, 20, 24, 35), duc d’Orléans (l.15 – 16), dauphin (l.16), prince (l.16, 24), roi François I (l.18), régner (l.20), duchesse (l.23), cour (l.29, 36), princesses (l.31), princes (l.32, 37), roi François (l.33 – 34), seigneur (l.37) ».
═► L’action se passe donc en France, à la cour du roi Henri II.
═► Registre réaliste, à cause d’une base historique bien réelle. Le cadre spatio-temporel, très riche en renseignements, permet alors à Madame de la Fayette d’ébaucher les thèmes de son intrigue. (Voici la phrase de transition entre le 1er et le deuxième paragraphe du premier axe : Elle reprend le thème du paragraphe n°1, et annonce le paragraphe n°2.).
2°- L’intrigue.
Beaucoup d’incipit dévoilent les bases de l’intrigue du roman. Celui de La Princesse de Clèves ne s’appesantit pas sur elle dans cet extrait, il se contente de livrer aux lecteurs une ambiance :
● Champ lexical de l’amour : « Galanterie (l.1), galant, passion (l.3), amoureux (l.3, 25), aimait (l.14, 24), épousée (l.15), plaisir (l.15, 35), attachement (l.20), jalousie (l.21), aimant (l.35) », renforcé par :
- La gradation ascendante : « Galant, amoureux, passion » (l.3).
- Les hyperboles : « Avec tant d’éclat (l.1 – 2), elle n’en était pas moins violente (l.5), il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants (l.5 – 6) ».
- Le parallélisme : « Elle n’en était pas moins violente (l.5) // Il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants (l.5 – 6) ».
- Les anaphores : « Elle n’en était pas moins violente (l.5) // Il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants (l.5 – 6) ».
- L’euphémisme : « L’attachement du roi » (l.20).
═► Les termes « Galanterie (l.1), et galant (l.3) » sont polysémiques :
- Un homme sociable, de bonne compagnie, à la conversation amoureuse.
- Un homme à l’activité sexuelle intense.
═► La dernière signification est à observer :
- Henri II est passionnément épris d’une femme, comme le prouve les hyperboles : « Elle n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants » (l.5 – 6), mais il ne s’agit pas de la sienne, désignée par les périphrases : « La reine (l.13, 19, 26, 32), cette princesse (l.13) », mais de « Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois » (l.3 – 4) : Même si l’Histoire nous apprend qu’Henri II, comme tous les princes et rois, a fait un mariage de raison, à 14 ans, il n’en demeure pas moins qu’il trompe sa femme, et qu’il a tendance à être volage, comme le prouve la phrase assertive : « Ce prince aimait le commerce des femmes, même de celles dont il n’était pas amoureux » (l.24 – 25) → Bien qu’il ait été fidèle à sa maîtresse, Henri II a eu malgré tout trois autres liaisons reconnues, car couronnées d’enfants.
- Sa propre femme, Catherine de Médicis ne semble pas s’en offusquer, comme le prouve l’hyperbole : « Sans peine » (l.20).
═► Le registre lyrique dévoile une ambiance propice à un certain libertinage, quoi que le terme soit un peu anachronique, et il est ainsi possible que l’intrigue soit amoureuse.
● Champ lexical du divertissement : « Exercices du corps (l.7, 35), parties de chasse et de paume (l.8), ballets, courses de bagues, divertissements (l.9), plaisirs (l.15, 35), l’heure du cercle (l.26), vers, comédie, musique (l.33) », renforcé par :
- Le présentatif : « C’étaient » (l.7).
- Les hyperboles : « Tous les exercices du corps, une de ses plus grandes occupations (l.7), tous les jours (l.8), tous les plaisirs (l.35) ».
- Les énumérations : « Parties de chasse et de paume (l.8), des ballets, des courses de bagues (l.9), les vers, la comédie (l.33) ».
═► Registre épidictique, grâce auquel il est aisé d’entrevoir une société oisive, qui est aussi un monde clos, comme l’atteste l’isotopie de la cour et la périphrase : « L’heure du cercle » (l.26), donc propice aux médisances.
● Champ lexical de la beauté : « Magnificence (l.1), bien fait (l.3), belle (l.13), magnificence (l.15), beau (l.27, 31), biens faits (l.30), belle, majestueuse (l.36) », renforcé par les hyperboles : « Avec tant d’éclat (l.1 – 2), de plus beau et de mieux fait (l.26 – 27), tant de belles personnes (l.29), admirablement bien faits (l.30), plus beau (l.31) ».
═► Registres lyrique, épidictique.
● Champ lexical de personnages hors du commun : L’isotopie de la cour est omniprésente : « Règne, Henri second (l.2), prince (l.3), Diane de Poitiers (l.4), duchesse de Valentinois (l.4, 21), parties de chasse et de paume (l.8), ballets, courses à la bague (l.9), Madame de Valentinois (l.10), Mademoiselle de la Marck (l.12), reine (l.13, 19, 26, 32), princesse (l.13), roi (l.15, 20, 24, 35), duc d’Orléans (l.15 – 16), dauphin (l.16), prince (l.16, 24), roi François I (l.18), régner (l.20), duchesse (l.23), cour (l.29, 36), princesses (l.31), princes (l.32, 37), roi François (l.33 – 34), seigneur (l.37) », et elle est soulignée par :
- De multiples hyperboles mélioratives : « Comme il réussissait admirablement dans tous les exercices du corps (l.6 – 7), une si profonde dissimulation (l.22), Où tout ce qu’il y avait de plus beau et de mieux fait, de l’un et de l’autre sexe, ne manquait pas de se trouver (l.26 à 28), jamais cour n’eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits (l.29 – 30), les plus grandes princesses (l.31), les plus grands princes (l.32), le nombre infini de princes et de grands seigneurs d’un mérites extraordinaire » (l.37 – 38) ».
- L’énumération : « Galant, bien fait et amoureux » (l.3).
═► Nul soucis se semble s’abattre sur les personnages, ils sont tous d’une admirable beauté, laquelle est source de lyrisme et d’épidictique, ce qui est parfois discutable, car l’Histoire affirme que Catherine de Médicis, hormis des jambes d’une singulière beauté qui la poussèrent à imposer la position de l’amazone, pour les femmes, quand elle montaient à cheval, afin de pouvoir mettre les siennes en valeur, était assez disgraciée par la nature. Cette perfection, qui semble rejoindre celle du début d’une utopie, car tout le monde paraît vivre heureux, dans la joie, le plaisir et en harmonie, dévoile alors, implicitement, le registre merveilleux, propre au contes de fées, lequel est renforcé par l’emploi de l’adverbe de manière : « Admirablement » (l.6), et de l’adjectif épithète : « Extraordinaire » (l.38), qui évoque l’étonnement, la surprise.
II- Présentation des personnages.
cet extrait rend vie à plusieurs personnages, dont la présentation est soulignée par la structure du texte.
1°- Les personnages.
● Henri II :
- Sa nomination :
Il est nommé dès le début du texte : Henri le second » (l.2).
Il est également représenté par des périphrases : « Ce Prince (l.2 – 3), le roi (l.15), duc d’Orléans (l.15 – 16), ce prince (l.24), le roi son fils (l.35) ».
Il est aussi représenté par le pronom personnel de la troisième personne du singulier, aux fonctions de :
v Sujet : « Il » (l.5, 6, 7, 15, 16, 25).
v Déterminant possessif : « Sa » (l.3).
═► Il n’est jamais COD, donc jamais actif, il est le roi, il commande et est obéi.
- Son statut :
Il est le roi de France, comme l’atteste de champ lexical de la royauté : « Règne, Henri second (l.2), reine (l.13, 19, 26, 32), roi (l.15, 20, 24, 35), dauphin (l.16), roi François I (l.18), régner (l.20), cour (l.29, 36), roi François (l.33 – 34) », et il doit ce statut à la mort de son frère aîné, illustrée par la proposition relative : « Qui mourut à Tournon » (l.16), lequel avait énormément de qualités, comme l’atteste l’hyperbole : « Prince que sa naissance et ses grandes qualités destinaient à remplir dignement la place du roi François premier, son père. » (l.16 à 18).
Il est marié, comme le prouve le plus-que-parfait : « Il l’avait épousée » (l.15).
Il est fils de roi, comme l’attestent :
v Les périphrases : « Roi François (l.18, 33 – 34), le roi son fils (l.35) », dont le première occurrence est apposée la périphrase : « Son père » (l.18, 33 – 34).
v Le champ lexical de la famille : « Aîné (l.16), père (l.18), sœur (l.32), fils (l.35) ».
Il a une maîtresse, comme le prouvent :
v La gradation ascendante dans la passion : « Galant, amoureux, passion » (l.3).
v Les hyperboles, combinées au parallélisme et aux anaphores : « Elle n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des 6témoignages moins éclatants » (l.5 – 6).
- Son caractère :
Il est sportif, comme l’attestent les hyperboles : « Il réussissait admirablement dans tous les exercices du corps (l.6 – 7), il en faisait une de ses plus grandes occupations (l.7 – 8) », et la répétition de la périphrase : « Les exercices de corps » (l.7, 35).
Il apprécie la compagnie féminine, comme l’atteste la périphrase : « Même de celles dont il n’était pas amoureux » (l.25).
Il est volage :
v Il est « Galant » (l.3), c’est-à-dire, sociable, de bonne compagnie, à la conversation amoureuse, mais aussi l’activité sexuelle intense.
v S’il est épris, comme le prouvent les hyperboles : « Elle n’en était pas moins violente, et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants (l.5 – 6), les couleurs et les chiffres de madame de Valentinois paraissaient partout (l.10) », ce n’est pas de sa femme, mais de « Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois » (l.3 – 4).
● Catherine de Médicis :
- Sa nomination :
Elle n’est jamais nommée explicitement, par son patronyme.
Elle est nommée par son statut de souveraine, grâce aux périphrases : « La reine (l.13, 19, 26, 32), princesse (l.13) ».
Elle est également nommée grâce au pronom personnel de la troisième personne du singulier, aux fonctions de :
v Sujet : « Elle » (l.14, 20, 21).
v Complément : « L’, lui » (l.15, 19, 23).
v Déterminant possessif : « Sa, ses » (l.22, 23).
═► Elle est deux fois COD, donc passive : Elle subit la liaison de son époux, et en souffre probablement.
- Son statut : Elle est la femme du roi, comme le soulignent :
L’emploi du verbe : « Epousée » (l.15).
La répétition de la périphrase : « La reine » (l.13, 19, 26, 32).
La périphrase : « Cette princesse » (l.13).
- Son physique :
Elle est belle, comme l’atteste l’emploi de l’attribut : « Belle » (l.13), ce qui est inexact, d’un point de vue historique.
Elle est d’âge mûr, comme le montre l’euphémisme : « Elle eût passé la première jeunesse » (l.14).
- Son caractère :
Elle apprécie son statut de reine, comme l’attestent :
v L’emploi de l’épithète : « Ambitieuse » (l.19) : Qui a un désir excessif de reconnaissance et d’orgueil.
v L’hyperbole : « Lui faisait trouver une grande douceur à régner » (l.19 – 20).
v Elle aime le luxe, comme l’atteste la gradation ascendante dans le plaisir : « Elle aimait la grandeur, la magnificence et les plaisirs » (l.14 – 15).
Elle semble ne pas être gênée par la liaison de son mari, comme le prouve l’hyperbole : « Sans peine » (l.20), et la négation de toute sentiment de jalousie, grâce à l’emploi de l’indéfini : « Aucune » (l.21).
Mais ce sentiment est remis en question par la présence de la tournure indéfinie : « Il semblait » (l.20) : Il était de notoriété publique que Catherine de Médicis était éprise de son mari qui ne l’aimait pas, et elle ravalait sa fierté pour pouvoir profiter de sa présence, comme l’atteste l’anaphore du verbe : « Approcher » (l.23 – 24), ainsi que la relation de cause à effet : « La politique l’obligeait d’approcher cette duchesse de sa personne, afin d’en approcher aussi le roi » (l.23 – 24).
Elle est hypocrite, comme l’attestent l’hyperbole : « Une si profonde dissimulation (l.22), et l’adjectif attribut : « Difficile » (l.22) qui montre qu’elle savait maîtriser ses sentiments à un point que nul ne pouvait lire en elle.
Elle est rusée : Elle sait que le roi aime la compagnie des femmes, donc pour l’avoir auprès d’elle, elle sait s’entourer des plus jolies femmes de la cour, lesquelles attirent les plus beaux hommes, comme le montrent les hyperboles : « Tous les jours (l.26), tout ce qu’il y avait de plus beau et de mieux fait, de l’un et de l’autre sexe, ne manquait pas de se trouver (l.26 à 28) ».
═► Registres épidictique, réaliste, tonalité épique.
● Diane de Poitiers :
- Sa nomination :
Elle est dûment nommée : « Diane de Poitiers » (l.3 – 4).
Elle est désignée aussi par des périphrases : « Duchesse de Valentinois (l.4, 21), madame de Valentinois (l.10) ».
Elle est aussi présente grâce au pronom personnel de la troisième personne du singulier, aux fonctions de :
v Sujet : « Elle, elle-même » (l.11).
v Adjectif possessif : « Sienne » (l.13)
v Déterminant possessif : « Sa » (l.12).
═► Tout comme Henri II, elle n’est jamais COD, elle ne subit jamais l’action, elle la provoque.
- Son statut :
Elle est duchesse, comme le prouve la périphrase : « Duchesse de Valentinois » (l.4, 21), ce qui est un haut titre de noblesse.
Elle est la maîtresse du roi, comme l’atteste l’indication temporelle : « Plus de vingt ans » (l.4), soulignée par le présentatif : « Il y avait » (l.4), qui valorise l’extraordinaire longévité de cet illégitime amour.
Elle est aimée du roi, comme le soulignent :
v La gradation ascendante dans la passion : « Galant, amoureux, passion » (l.3).
v Les hyperboles : « Elle n’en était pas moins violente (l.5), il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants (l.6 – 7), les couleurs et les chiffres de madame de Valentinois paraissaient partout (l.10) ».
Elle a été marié, car elle est grand-mère, puisque sa descendance, désignée par l’apposition : « Sa petite fille » (l.12), est nommée, grâce à la périphrase : « Mademoiselle de La Marck » (l.12).
Elle est assez âgée :
v Tout le monde sait qu’elle avait vingt ans de plus que son royal amant : Si Henri II, au moment de l’histoire a 39 ans, elle en a donc 59.
v Elle est grand-mère, comme le montre l’apposition : « Sa petite fille » (l.12), et ce, depuis un certain temps, puisque la jeune fille est en âge de se marier, comme l’atteste la proposition relative : « Qui était à marier ».
- Son caractère :
Elle semble coquette, comme l’atteste l’hyperbole : « Tous les ajustements que pouvaient avoir mademoiselle de La Marck » (l.11 – 12) : Elle ne s’habille pas comme quelqu’un de son âge, ce qui est un renseignement ambigu :
v Soit elle est une vieille coquette ridicule.
v Soit, elle ne fait pas son âge, et malgré ses 59 ans, elle a toujours le physique et le visage d’une jeune fille, ce qui, d’un point de vue historique, était le cas.
A aucun endroit, il est dit qu’elle aime le roi, mais par contre, elle est omniprésente, comme le montrent :
v L’hyperbole : « Les couleurs et les chiffres de Madame de Valentinois paraissaient partout » (l.10).
v Elle monopolise l’attention du roi, au point que la reine est obligée de la traiter amicalement, comme le prouve la litote : « Approcher cette duchesse de sa personne » (l.23 – 24), si elle veut entrevoir son époux, comme le prouvent la proposition subordonnée de but : « Afin d’en approcher aussi le roi » (l.24), et l’anaphore d’« Approcher » (l.23, 24).
═► Registre épidictique et réaliste. Mais il faut mettre un bémol au réalisme, à cause de certaines distorsions historiques : En effet, le narrateur, qui est omniscient, d’où la focalisation zéro, a un certain parti-pris. Il enjolive le physique de Catherine de Médicis, et montre implicitement qu’elle est éprise d’un mari qui la dédaigne, ce qui accompagne le personnage, malgré la mention fort réel de son attrait pour la rouerie, d’une tonalité pathétique. Et d’un autre coté, elle accuse implicitement Diane de Poitiers d’indécence, autant par son attitude que par son vêtement, alors que l’Histoire nous apprend qu’elle fait tout ce qu’elle a pu pour ménager la reine, et que d’autre part, loin de se vêtir comme une jeune fille, elle avait pris des habits de deuils, et que c’est Henri II qui avait imposé à la cour les couleurs de sa Dame, qu’il avait adoptées lui-même, le noir et l’or. La présentation de nombreux personnages historiques, est mise en valeur par l’articulation du texte.
2°- La structure du texte.
● l.1 à 2 : Présentation rapide du cadre spatio-temporel : L’action va se dérouler en « France » (l.1), à la moitié du XVIème siècle, puisqu’il s’agit des « Dernières années du règne d’Henri second » (l.2), dans un cadre enchanteur, ce qui est accentué par le connecteur logique de comparaison « Tant…que » (l.1 – 2).
● l.2 à 12 : La présentation d’Henri II, soulignée par les connecteurs logiques d’addition « Et » (l.3, 8, 10, 11), de concession « Quoique » (l.3), de comparaison « Comme » (l.6), d’alternative « Ou » (l.9) :
- Il est un homme agréable, comme le prouve l’énumération : « Galant, bien fait » (l.3).
- Il est amoureux de « Diane de Poitiers » (l.3 – 4), comme l’atteste le champ lexical de l’amour : « Galant, amoureux, passion (l.3) », organisé en gradation ascendante, et souligné par les hyperboles (l.5 – 6).
- Il est un sportif accompli, comme le prouve l’hyperbole (l.6 – 7).
- Il aime à se divertir, comme le souligne le champ lexical du divertissement : « Exercices du corps (l.7), parties de chasse et de paume (l.8), ballets, courses de bagues, divertissements (l.9) ».
● l.13 à 24 : Présentation de Catherine de Médicis, soulignée par les connecteurs logiques de concession « Quoiqu’ » (l.14), de temps « Lorsqu’ » (l.15), d’addition « Et » (l.16, 17, 21, 23), d’opposition « Mais » (l.21), de but « Afin » (l.24) :
- Champ lexical de la reine : « La reine (l.13, 19, cette princesse (l.13) ».
- Elle apprécie son statut, comme le prouve l’hyperbole : « Une grande douceur à régner » (l.19 – 20).
- Elle est une dissimulatrice, comme le prouve l’emploi du verbe : « Semblait » (l.20)
● l.24 à 28 : L’attrait d’Henri II pour les « Femmes » (l.25), et pour la beauté représentée par l’hyperbole : « Ce qu’il y avait de plus beau et de mieux fait » (l.26 – 27), et souligné par le connecteur logique d’addition « Et » (l.27).
● l.29 à 38 : La splendeur de la cour d’Henri II, soulignée par les connecteurs logiques d’addition « Et » (l.30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37), d’opposition « Mais » (l.36) :
- Champ lexical de la beauté : « Belles (l.29), bien faits (l.30), beau (l.31), belle, majestueuse (l.36) ».
- Champ lexical de la plus haute noblesse, grâce à une majorité d’hyperboles : « Les plus grandes princesses (l.31), les plus grands princes (l.32), reine, Madame, sœur du roi (l.32), roi François (l.33), roi son fils (l.35), cour (l.36), le nombre infini de princes et de grands seigneurs d’un mérite extraordinaire (l.37 – 38) ».
- Champ lexical des arts : « Vers, comédie, musique (l.33), poésie, lettres (l.34) ».
═► Le texte s’articule en cinq parties, comme un schéma narratif, mais aussi comme une tragédie, ce qui pourrait indiquer que le destin de l’héroïne éponyme, qui n’apparaît pas dans le passage, va être tragique.
Madame de La Fayette présente, dès le début du roman, des personnages historiques, qui donnent cependant sa teinte à l’oeuvre, et elle les met en exergue grâce à la structure rigoureuse du passage.
En conclusion, le cadre spatio-temporel, accompagné de l’intrigue, souligne bien la présence des plusieurs personnages. Ce passage est représentatif d’un incipit suspensif, car les renseignements principaux, à savoir la présentation des héros principaux, la Princesse de Clèves, le Duc de Nemours, et le prince de Clèves est absente.
Il est cependant intéressant de noter que la liaison entre le roi et Diane de Poitiers est le négatif de celle qui unira, sans les unir, Monsieur de Nemours et la Princesse de Clèves.
Source : http://les-seconde11.over-blog.com/article-exemple-de-commentaire-compose-plan-detaille-partie-n‑2 – 66102605.html