Marivaux – Les Fausses confidences – Acte II – résumé par scène 

Temps de lec­ture : 8 minutes

ACTE II

SCENE PREMIÈRE. – ARAMINTE, DORANTE.
Dorante encou­rage Araminte à aller au pro­cès et à plai­der. Comme le lui ont confir­mé plu­sieurs per­sonnes, son affaire est bonne. Rien ne l’oblige donc à épou­ser le comte. Mais la jeune femme feint d’hésiter. Elle pré­tend main­te­nant ne pas vou­loir « affli­ger » le comte et se demande si Dorante n’est pas trop pré­ve­nu contre lui. Si elle accepte ce mariage et que celui-ci veut chan­ger d’intendant, elle lui trou­ve­ra une meilleure place. C’est main­te­nant Dorante qui est perdu : après avoir dit qu’il n’avait que le souci des inté­rêts de la jeune femme, il concède tris­te­ment qu’il ne sera plus à per­sonne s’il perd cette place. Sans doute pour ne pas le faire souf­frir plus long­temps, Araminte change de nou­veau d’avis : elle plai­de­ra donc.

Dorante a une autre sug­ges­tion à faire à sa maî­tresse : il songe à Dubois pour rem­pla­cer le concierge d’une des terres d’Araminte qui est mort. Araminte veut le gar­der près d’elle et pro­fite du sujet pour deman­der à Dorante si Dubois n’a pas tra­vaillé pour lui. Dorante feint l’embarras. Dubois est « fidèle mais peu exact » et les anciens valets disent rare­ment du bien de leurs anciens maîtres. Ce n’est pas le cas de Dubois, dit Araminte.

Arrivée de Monsieur Rémy.

SCENE II. – ARAMINTE, DORANTE, MONSIEUR REMY.
Par poli­tesse, Monsieur Rémy remer­cie Araminte d’avoir enga­gé son neveu comme inten­dant alors qu’on lui en offrait un autre.

Mais en fait, il est venu pour une autre affaire : une jolie femme de trente-cinq ans qui a 15.000 livres (» 141.000 €) de rente offre d’épouser sans délai Dorante qu’elle a vu chez le pro­cu­reur. La per­sonne qui attend sa réponse doit reve­nir bien­tôt. Dans deux heures, il faut que Dorante soit chez le pro­cu­reur. (Dubois se cache en réa­li­té der­rière cette péri­pé­tie). Mais Dorante refuse : il ne l’épousera pas, quand bien même elle serait vingt fois plus riche car il a le cœur déjà pris. Monsieur Rémy se moque des scru­pules de son neveu et lui demande si c’est son der­nier mot. Quand celui-ci confirme, il le traite de « sot, imbé­cile et insen­sé » et celle qu’il aime de « gue­non » en pre­nant à témoin Araminte. La jeune femme prend la défense de Dorante en lui conseillant mol­le­ment de chan­ger d’avis. « Il n’y a pas moyen, Madame, mon amour m’est plus cher que ma vie. » répond l’intendant.

Araminte, n’en pou­vant plus, se retire. Quant à Dorante, il n’est pas fâché que son oncle serve aussi bien ses inté­rêts sans le savoir.

SCENE III. - DORANTE, MONSIEUR REMY, MARTON.
Marton arrive au moment où Monsieur Rémy traite son neveu de fou. Il demande à la sui­vante ce qu’elle pense d’un homme sans le sou qui refuse d’épouser une jolie femme qui a 15.000 livres de rente. C’est alors que débute un qui­pro­quo : Monsieur Rémy est per­sua­dé que c’est Marton qui fait tour­ner la tête à son neveu. Il lui pro­pose donc de le rame­ner à la rai­son. Au lieu de cela, la jeune femme qui se prend au jeu de cette révé­la­tion, répond à Monsieur Rémy qu’elle entend bien ne pas dis­sua­der Dorante de l’aimer. Elle est même per­sua­dée que sa maî­tresse sup­plée­ra en par­tie ce qu’il lui sacri­fie. Monsieur Rémy se retire, outré par la niai­se­rie des jeunes gens.

Marton annonce l’arrivée du comte. Dorante pré­fère par­tir car il n’a pas envie de le rencontrer.

SCENE IV. – LE COMTE, MARTON.
Le comte s’étonne qu’Araminte ait pris un autre inten­dant que le sien d’autant que celui qui a été enga­gé ne plaît pas à Madame Argante et qu’ils n’ont rien à en espé­rer. Il ne faut pas non plus s’inquiéter, dit Marton, « c’est un galant homme » et Madame Argante est res­pon­sable : elle a repro­ché à Dorante d’être trop bien. Le comte qui l’a vu sor­tir confirme qu’il n’a pas l’air d’un inten­dant mais il ne déses­père pas de régler son affaire, notam­ment en pro­po­sant de l’argent à Dorante. Marton l’en dis­suade, assu­rant que Dorante est « le gar­çon le plus dés­in­té­res­sé de France ». Elle demande au comte de la lais­ser faire.

SCENE V. – LE COMTE, ARLEQUIN, MARTON.
Arlequin annonce un gar­çon de courses pré­sen­té comme « un homme qui en demande un autre ».

SCENE VI. - LE COMTE, MARTON, LE GARÇON, ARLEQUIN.
Le gar­çon joailler est venu livrer une boîte conte­nant un por­trait. Il doit le remettre à un homme qu’il connaît de vue mais dont il ignore le nom. Cet homme devait venir prendre la boîte chez son père mais comme celui-ci est parti en voyage, il a deman­dé à son fils de le livrer chez Madame Argante faute de le trou­ver chez Monsieur Rémy. Le comte confirme qu’il n’est pas l’homme en ques­tion mais vou­drait bien voir la boîte. Le gar­çon refuse mais avoue qu’il y a un por­trait à l’intérieur. « Serait-ce celui d’Araminte ? » dit le comte.

SCENE VII. – MARTON, LE GARÇON
Seule avec le gar­çon, Marton lui fait dire que l’homme en ques­tion est Dorante puis affirme que c’est de son por­trait qu’il s’agit. Le gar­çon accepte de lui remettre la boîte. Le gar­çon ajoute que Dorante leur doit encore de l’argent pour cette boîte. Marton accepte de payer.

SCENE VIII. – MARTON, DORANTE.
Marton est effec­ti­ve­ment per­sua­dée qu’il s’agit de son por­trait et elle s’en réjouit. Dorante arrive et lui demande si elle n’a pas ren­con­tré l’ouvrier. Tout à son bon­heur, Marton dit qu’elle a la boîte et qu’elle la lui ren­dra dès qu’elle l’aura vue. Mais Madame Argante arrive avec le comte. Loin de la détrom­per, Dorante s’étonne qu’elle prenne aussi bien le change.

SCENE IX. – ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON.
Arrivent Araminte, Madame Argante et le comte qui sou­haitent éclair­cir ce mys­tère. Tous pressent de ques­tions Marton qui leur assure que c’est de son por­trait qu’il s’agit et que cette affaire ne les regarde pas. Comme ils insistent pour savoir qui a fait cette dépense pour elle, elle répond que c’est Dorante et qu’il l’aime. Mais quand Araminte se sai­sit de la boîte et l’ouvre, c’est son propre por­trait qu’elle découvre au grand désap­poin­te­ment de Marton. La sui­vante explique sa méprise par l’insistance de Monsieur Rémy à vou­loir les marier, par l’attitude ambi­guë de Dorante qui n’a pas nié et a même refu­sé devant elle un riche parti et par le témoi­gnage de l’ouvrier qui a recon­nu que Dorante était le com­man­di­taire de la boîte au por­trait. Araminte se tourne vers le comte pour savoir si c’est lui qui a fait cette com­mande. Madame Argante vou­drait bien que ce le fût mais le comte répond que ce ne peut pas être lui car il ne connaît pas Monsieur Rémy. Araminte décide de gar­der le portrait.

SCENE X. – ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON, DUBOIS, ARLEQUIN.
A l’incident du por­trait suc­cède celui du tableau. Arlequin et Dubois font irrup­tion sur la scène en se que­rel­lant. Araminte et Madame Argante leur demandent ce qui se passe. Dubois explique qu’en ran­geant l’appartement de Dorante, il a vu un tableau où Araminte était peinte. Il a pensé qu’il fal­lait l’enlever. Quand Arlequin est arri­vé, ils ont failli en venir aux mains. Car pour Arlequin, il y a de la malice à vou­loir enle­ver ce tableau qui réjouit le cœur de Dorante. Araminte essaie de mini­mi­ser l’affaire : pour­quoi faire tant de bruit « pour un vieux tableau qu’on a mis là par hasard ». Mais Madame Argante confirme que ce n’est pas sa place et qu’il faut l’ôter. Les deux valets sortent.

SCENE XI. – ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON.
Le comte admet d’un ton railleur que l’intendant a bon goût. Mais plus sérieu­se­ment, Madame Argante confirme qu’elle n’a jamais appré­cié cet homme et elle vou­drait bien savoir ce que Dubois a à dire à son pro­pos. Elle reproche à sa fille d’être la seule à ne pas voir qu’il ne lui convient pas. « Chacun a ses lumières » dit-elle en confir­mant qu’elle refuse de se sépa­rer de son inten­dant qui lui donne entière satis­fac­tion. Cependant, elle consent à écou­ter Dubois. S’il donne des rai­sons suf­fi­santes de le ren­voyer, elle recon­si­dè­re­ra peut-être sa posi­tion. Madame Argante est sûre de son fait et tient encore au mariage. Quant au comte, il déclare renon­cer à son pro­cès, pré­fé­rant perdre que de dis­pu­ter avec elle. Il revien­dra plus tard et si Dorante est ren­voyé, il ne tien­dra qu’à Araminte de prendre l’intendant qu’il lui a proposé.

SCENE XII. – DUBOIS, ARAMINTE.
Dubois revient. Araminte lui reproche son indis­cré­tion et lui demande pour­quoi il s’est dis­pu­té avec Arlequin au sujet de ce tableau au point que le sot soit venu ici ébrui­ter l’affaire. Dubois feint de regret­ter sa mal­adresse. Araminte se livre de plus en plus, en expli­quant qu’elle a plus besoin de son silence que de son zèle. Elle lui demande éga­le­ment pour­quoi il a dit : « Si je disais un mot ? ». A cause de ce qu’il appelle « ce zèle mal enten­du », Madame Argante et le comte s’attendent main­te­nant à ce qu’il fasse des révé­la­tions sur­pre­nantes. Jouant les idiots, il répond qu’il n’y a qu’à invo­quer son incom­pé­tence « quoiqu’il soit fort habile ». Araminte ter­gi­verse : elle ne le retient plus par néces­si­té mais pour se ména­ger elle-même à moins que ne soit vrai ce que pré­tend Marton à pro­pos de l’amour qu’éprouverait le jeune homme pour elle. Dubois éva­cue cette éven­tua­li­té : c’est le pro­cu­reur qui a inven­té cette fable. Dorante n’a pas osé la démen­tir à cause du cré­dit dont béné­fi­cie Marton auprès de sa maî­tresse. Ainsi, la sui­vante a cru que c’était pour elle qu’il refu­sait les 15.000 livres. C’est de Dorante lui-même qu’il le tient.

Araminte est embar­ras­sée : « Comment faire ? Si lors­qu’il me parle il me met­tait en droit de me plaindre de lui, mais il ne lui échappe rien ; je ne sais de son amour que ce que tu m’en dis ; et je ne suis pas assez fon­dée pour le ren­voyer. Il est vrai qu’il me fâche­rait s’il par­lait ; mais il serait à pro­pos qu’il me fâchât. » Dubois lui sug­gère d’utiliser le por­trait que Dorante a fait faire. Elle annonce son désir de tendre un piège à Dorante afin de le pous­ser à lui décla­rer son amour et, en consé­quence, de pou­voir le ren­voyer légitimement.

SCENE XIII. – DORANTE, ARAMINTE, DUBOIS.
Dubois sort en pas­sant près de Dorante, trop rapi­de­ment pour pou­voir l’avertir mais il pense que les choses s’arrangeront.

Dorante vient deman­der la pro­tec­tion d’Araminte car tout le monde semble déci­dé à le chas­ser. La jeune femme le ras­sure : c’est elle qui décide et elle lui conseille de ne pas mon­trer son inquié­tude. Il doit dis­si­mu­ler son atta­che­ment pour elle. Il les a indis­po­sés sur le sujet du pro­cès. Elle lui per­met d’adopter une posi­tion plus souple « car, toute réflexion faite, [elle est] déter­mi­née à épou­ser le Comte. » et elle lui pro­met de plai­der sa cause auprès de celui-ci. Araminte mesure l’effet de son argu­ment auprès de Dorante qui se décom­pose et croit que Dubois l’a trom­pé. Pour par­ache­ver l’effet de son piège, elle déclare qu’elle veut lui dic­ter une lettre pour le comte

« Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr… ; Madame veut que je vous l’é­crive, et vous attend pour vous le dire. N’attribuez point cette réso­lu­tion à la crainte que Madame pour­rait avoir des suites d’un pro­cès dou­teux. Non, Monsieur, je suis char­gé de sa part de vous assu­rer que la seule jus­tice qu’elle rend à votre mérite la détermine. »

Pendant toute cette dic­tée, Araminte a obser­vé la souf­france de Dorante mais il ne dit tou­jours rien. En regar­dant la lettre, elle voit que tout est écrit de tra­vers et que l’adresse n’est presque pas lisible. Dorante se demande si ce n’est pas pour l’éprouver.

SCENE XIV. – ARAMINTE, DORANTE, MARTON.
Marton demande solen­nel­le­ment à Dorante de pré­ci­ser ses inten­tions et à Araminte de lui accor­der le jeune homme en mariage.

SCENE XV. – DORANTE, ARAMINTE.
A nou­veau seule avec Dorante, Araminte conti­nue à le pres­ser de ques­tions. Ce der­nier nie être amou­reux de Marton et impute ce mal­en­ten­du à son oncle. Il ne l’a pas désa­bu­sée pour évi­ter qu’elle ne s’interpose entre sa maî­tresse et lui. Araminte le pousse à l’aveu mais Dorante résiste tout en dépei­gnant « avec trans­port » l’objet de son amour : elle ne sait pas qu’il l’aime mais il se satis­fait du plai­sir de la voir.

Puis Araminte aborde la ques­tion du por­trait. Dorante dit qu’il l’a fait lui-même. La jeune femme montre alors qu’elle a la boîte qui lui est tom­bée entre les mains soi-disant « par hasard » et l’ouvre. « Ah ! Madame, son­gez que j’au­rais perdu mille fois la vie, avant que d’a­vouer ce que le hasard vous découvre. Comment pourrai-je expier ? » Il se jette à ses genoux. C’est à ce moment-là que Marton rentre et le découvre dans cette pos­ture. Furieuse, Araminte lui demande la lettre et le chasse : « vous m’êtes insupportable. »

SCENE XVI. – ARAMINTE, DUBOIS.
Dubois demande à Araminte si Dorante s’est décla­ré. Elle lui dit que non et lui demande de ne plus s’en mêler puis elle s’en va. « Voici l’affaire dans la crise ! » dit Dubois, annon­çant ainsi le troi­sième acte.

SCENE XVII. – DUBOIS, DORANTE.
Dorante, crain­tif, s’inquiète de l’évolution de la situa­tion tan­dis que Dubois s’en féli­cite, puis il lui donne rendez-vous dans le jardin.

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