Olympe de Gouges – Déclaration des droits de la femme et du citoyen – Préambule – analyse 02

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Préambule
Les mères, les filles, les sœurs, repré­sen­tantes de la nation, demandent d’être consti­tuées en Assemblée natio­nale. Considérant que l’i­gno­rance, l’ou­bli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des mal­heurs publics et de la cor­rup­tion des gou­ver­ne­ments, ont réso­lu d’ex­po­ser dans une décla­ra­tion solen­nelle, les droits natu­rels inalié­nables et sacrés de la femme, afin que cette décla­ra­tion, constam­ment pré­sente à tous les membres du corps social, leur rap­pelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pou­voir des femmes, et ceux du pou­voir des hommes, pou­vant être à chaque ins­tant com­pa­rés avec le but de toute ins­ti­tu­tion poli­tique, en soient plus res­pec­tés, afin que les récla­ma­tions des citoyennes, fon­dées désor­mais sur des prin­cipes simples et incon­tes­tables, tournent tou­jours au main­tien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bon­heur de tous.
En consé­quence, le sexe supé­rieur, en beau­té comme en cou­rage, dans les souf­frances mater­nelles, recon­naît et déclare, en pré­sence et sous les aus­pices de l’Être suprême, les Droits sui­vants de la Femme et de la Citoyenne.

Le texte marque net­te­ment la volon­té polé­mique d’Olympe de Gouges, par la com­pa­rai­son éta­blie entre les deux sexes. Par exemple, la for­mu­la­tion, stric­te­ment poli­tique, qui dis­tingue « les actes du pou­voir légis­la­tif, et ceux du pou­voir exé­cu­tif » est rem­pla­cée par la seule dis­tinc­tion des sexes : « les actes du pou­voir des femmes et ceux du pou­voir des hommes ». Elle en arrive ainsi à un éloge insis­tant des femmes, puisqu’au lieu de « l’Assemblée Nationale », elle prend comme sujet de sa phrase de pré­sen­ta­tion « le sexe supé­rieur en beau­té comme en cou­rage dans les souf­frances maternelles ».

Choix para­doxal cepen­dant puisque ce com­pa­ra­tif, alors même qu’elle reven­dique l’égalité, repose sur l’image tra­di­tion­nelle de la femme, sa double dimen­sion de séduc­trice et de mère. De même, com­ment expli­quer, à la fin du para­graphe, l’ajout « des bonnes mœurs » entre l’objectif ini­tial de « main­tien de la Constitution » et de « bon­heur de tous » ? Faut-il y voir une volon­té de répondre par avance à une objec­tion de ceux qui consi­dèrent que l’association des femmes à la vie publique ris­que­rait de les conduire à l’immoralité ? À nou­veau, cette pré­ci­sion ne révèle-t-elle pas qu’Olympe de Gouges reste mar­quée par le regard tra­di­tion­nel porté sur les femmes, dont la mora­li­té serait fragile ?

Source : Cotentin Ghislaine

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