Rabelais – Gargantua – Avis aux lecteurs – analyse 02

Temps de lec­ture : 2 minutes

En guise d’avertissement aux lec­teurs, Rabelais écrit ce dizain de déca­syl­labes. Ce dizain n’apparait que dans la seconde édi­tion de Gargantua, pour cor­ri­ger l’effet trop brû­lant pro­duit par le prologue.

Vers 1 : Rapprochement de l’auteur avec ses lec­teurs. « Amis lec­teurs » : cap­ta­tio ben­vo­len­tiae (appel à la bien­veillance pour se conci­lier les bonnes grâces du lecteur.

Vers 2 : Le lec­teur doit faire le vide en lui de toutes ses pas­sions. Cela le ren­dra impar­tial et récep­tif à ce qu’il va lire, au livre.

Vers 3 : Il ne faut rien inter­pré­ter à mal.

Vers 4 : Dans ce livre, il n’y a rien qui soit dan­ge­reux ou nui­sible pour le lec­teur. L’âme du lec­teur ne sera pas mise en dan­ger, ni cor­rom­pue à la lec­ture de Gargantua.

Vers 5 – 6 : Première appa­ri­tion du « rire », pré­sent trois fois ensuite. Le rire est la seule per­fec­tion qui se trouve dans Gargantua. Il ne doit pas cher­cher de per­fec­tion en d‘autres domaines que celui du rire.

Vers 7 – 8 : Rabelais jus­ti­fie sa créa­tion lit­té­raire. Il choi­sit ce sujet à cause du cha­grin du lec­teur. Trois termes forts : « cha­grin », « mine », « consume ». Il veut soi­gner son lec­teur : le livre est la thé­ra­pie, le lec­teur le malade et Rabelais le doc­teur (à mettre en rela­tion avec la fonc­tion de Rabelais : il est médecin).

Vers 9 – 10 : Expression célèbre : « Le rire est le propre de l’homme ». Le rire repa­raît deux fois dans ces deux der­niers vers.
Raison d’ordre esthé­tique et phi­lo­so­phique. Rabelais écrit pour « l’homme » : Rabelais traite de ce qui est spé­ci­fique de l’homme (« le propre de… »).

Conclusion : Nous sommes entre gens de bonne com­pa­gnie, qui se font l’amitié de se com­prendre loya­le­ment, de rire ensemble en chas­sant tout sujet de se miner et de se consu­mer. L’homme, selon Rabelais, a autant le droit de rire que de pen­ser. Pour Rabelais, le rire n’appartient pas à des moments excep­tion­nels de la vie, il est la vie même.

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