Stendhal – Le Rouge et le noir – Livre II – Chapitre 09 – analyse

Temps de lec­ture : 3 minutes

1) Le jeu sub­til des points de vue :

a) Qui raconte ?

→ pro­noms per­son­nels : sujet ou com­plé­ment ( je ↔ me ; nous ↔ nous ; il ↔ lui, se …).

« elle », « il », « le », « la » = 3e pers. du sin­gu­lier + vision illi­mi­tée (dans les pen­sées de Mathilde) = nar­ra­teur omni­scient mais il res­ter à l’ex­té­rieur de Julien, il com­mente l’at­ti­tude de Julien « mépris le plus mal déguisé ».

b) Qui voit ? Qui aperçoit ?

Point de vue domi­nant, le nar­ra­teur omni­scient se fait relayer par le point de vue de Mathilde.

→ Mots de vision et de per­cep­tion + de pen­sée : « se dit elle, cher­chait de l’œil, l’a­per­çut, se dit, son regard, regar­dait fixe­ment, étu­diant, comme il pas­sait près d’elle, l’i­dée lui vint … ».

De plus, pour res­ti­tuer paroles ou pen­sées de Mathilde (et paroles de Julien) : dis­cours direct, dis­cours indi­rect libre.

► Permet de rendre la vie psy­chique du per­son­nage avec un grand réa­lisme. Les verbes de per­cep­tion, plus le dis­cours direct et le dis­cours indi­rect libre nous font vivre la scène de l’in­té­rieur au rythme des pen­sées de Mathilde : nous voyons com­ment pro­gres­si­ve­ment elle est d’a­bord en attente de Julien puis com­ment elle s’at­tache à l’ob­ser­vé, l’é­cou­té, le suivre … se qui révèle le fort inté­rêt qu’elle lui porte.

c) Autre point de vue.

Mineur mais pré­sent. Paragraphe 5 & 6 : point de vue du nar­ra­teur sur l’at­ti­tude, l’ap­pa­rence, l’ex­té­rieur (« rapi­de­ment, air, corps pen­ché, sem­blait … ») = foca­li­sa­tion externe.

Pourquoi ?: Arrêt sur image clé.

→ Complicité narrateur-lecteur : mys­tère, nous fait nous inter­ro­ger, réfléchir.

→ Pour mar­quer le carac­tère impor­tant de cet échange de regards.

→ Art de l’ellipse

→ Lecteur asso­cié a la per­cep­tion de Mathilde. Effet crée ? Nous sommes séduit, impressionné.

→ Acteur qui joue un rôle : atti­tudes, ton … = l’hy­po­cri­sie de Julien qui cal­cul tout ce qu’il fait, joue un rôle pour réussir.

Comme nous l’a­vons vu Stendhal joue habille­ment des trois types de foca­li­sa­tion. La foca­li­sa­tion interne lui per­met d’ex­pri­mer avec un grand réa­lisme l’a­mour nais­sant de Mathilde pour Julien.

2) Une scène révélatrice.

Comme dans d’autres romans, cette scène du bal est une scène clé.

a) Révèle les dif­fé­rences de condi­tion social.

→ Julien : « Mr Sorel », « Julien », « il », « un prince dégui­sé », « se Sorel ».

Mr Sorel, nom de famille = rotu­rier, de base condi­tion social (fils d’un char­pen­tier de Province). Or ce dans ce salon il ne se com­porte pas comme un infé­rieur : ses atti­tudes, paroles sont dépla­cées, pro­vo­cantes : il parle avec un révolutionnaire.

Il fait l’é­loge de Danton (sym­bole de la ter­reur). Sa répoonse à Mathilde : inso­lante à l’é­gard de l’Aristocratie + fait l’é­loge du mérite ( ≠ nais­sance « avo­cat … »). Attitude inso­lente : « air méchant », « orgueilleu­se­ment humble » = oxy­more. Valeur de l”homme-honeur, modes­tie de la condition.

► Julien affiche avec inso­lence sa condi­tion de rotu­rier certes infé­rieur en condi­tion, mais supé­rieur en mérite. Il y a donc dans ce texte une dimen­sion politique.

→ Mathilde : une aris­to­crate (1e ren­contre : froi­deur d’âme ) Séduite par Julien qua­li­téés aristocratique.

¤ Progression : → attente

→ sur­prise chan­ge­ment de Julien

→ « mon condam­né » : valeur affec­tive, admi­ra­tion pour Julien.

→ elle trouve en J. des qua­li­tés aris­to­cra­tiques « Jeu sombre, prince… ». Cristallisation, désir.

→ réponse de J. « esclaves ».

→ com­pa­rai­son avec son père = lutte du cœur et de la raison.

→ aveu­gle­ment = suivre !

► La hau­taine jeune fille est mal­gré elle atti­ré par Julien qui cris­tal­lise sont atten­tion, elle est amoureuse.

III . Conclusion :

Habileté de Stendhal dans le choix de la foca­li­sa­tion interne qui exprime par­fai­te­ment l’ir­ré­sis­tible atti­rance de Mathilde pour Julien.

Un vrai peintre de l’a­mour comme une force qui s’empare des per­son­nages et ren­verse les obs­tacles. Malgré tout Julien et Mathilde vont s’ai­mer comme Aude et Solal.

Source : http://www.intellego.fr/soutien-scolaire-1ere‑L/aide-scolaire-Francais/Stendhal-%E2%80%93-Le-rouge-et-le-noir-%E2%80%93-Scene-du-bal-2e-partie-chap.-9/36112

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