Stendhal – Le Rouge et le noir – Livre II – Chapitre 17 – analyse – 02

Temps de lec­ture : 3 minutes

Mme de Rênal est deve­nue la mai­tresse de Julien, la situa­tion est stable. Suite à une lettre ano­nyme, il doit par­tir et va au sémi­naire dans l’objectif de deve­nir prêtre. Il tra­vaille auprès du mar­quis de la Mole à Paris en tant que secré­taire (ascen­sion sociale). Mathilde séduit Julien puis le repousse avec vio­lence, Julien décide à nou­veau de par­tir pour évi­ter d’en tom­ber amoureux.

Quels sont les enjeux cachés de cette scène de mélodrame ?

I- LA DIMENSION PARODIQUE

A : Le mélo­drame
Le mélo­drame est un type de pièce de théâtre qui est né vers la fin du XVIIème siècle et s’est beau­coup déve­lop­pé au XIXème. Les intrigues de ce style avaient de nom­breux rebon­dis­se­ments et beau­coup de sur­prises et peu de sou­cis de vrai­sem­blances.
Stendhal uti­lise donc ceci : l’effet de sur­prise (il trouve Mme de la Mole), Julien trouve une épée quand il est en colère (posée ici par « magie ») et Mathilde à une réac­tion étrange face à son agres­seur.
On a une scène dra­ma­tique : elle sort en cou­rant. Julien s’exprime de manière implo­rante, ce qui n’est pas viril et Mathilde pleure. Julien passe d’une humeur à l’autre très rapi­de­ment, il n’est pas stable émo­tion­nel­le­ment et réagit dans les extrêmes.
Mathilde est heu­reuse à l’idée de se faire tuer par son amant.

-> Gestes théâ­traux et sen­ti­ments exces­sifs, le mélo­drame est uti­li­sé par l’auteur.

B : L’ironie
Le nar­ra­teur est omni­scient. La dis­tance iro­nique vient de l’excès dans les hyper­boles et de l’emploi du super­la­tif.
L’ironie réside dans l’excès : Julien ne recule devant rien, on tombe dans l’extrême. Tout est exa­gé­ré volon­tai­re­ment, les émo­tions sont exces­sives.
La 2ème par­tie de la scène est beau­coup plus lente, on à une cas­sure du rythme.

- Stendhal s’amuse avec tant d’ironie : les répliques sor­ties de leur contexte sont bien mélodramatiques.

C : Les sen­ti­ments
Il s’amuse avec ses per­son­nages et le roman. Les per­son­nages ne mettent pas leurs émo­tions à dis­tance.
Stendhal cal­cule de manière mathé­ma­tique ses sen­ti­ments, mais il va se rendre compte qu’on ne peut faire ceci éter­nel­le­ment : à un moment, ils laissent écla­ter leurs sentiments.

-> L’idée de la puis­sance des sen­ti­ments vient du romantisme.

II- QUE REVELE CE JEU D’ECRITURE ?
Stendhal montre sa mai­trise des prin­cipes d’écrite mais aussi sa capa­ci­té à prendre des distances.

A : La véri­té sur les per­son­nages
Sous le verni mon­dain, on à beau­coup d’impulsivité, voir de vio­lence. Il ne faut pas oublier que Julien & Mathilde vivent dans la haute aristocratie.

B : Le plan émo­tion­nel
Les per­son­nages sont contra­dic­toires sur le plan émo­tion­nel : Julien est tendre et pani­qué car il a du remord d’avoir séduit Mathilde.
Mathilde à le sen­ti­ment d’avoir man­qué à son devoir de rete­nu de femme pour quelqu’un de cette classe sociale.
Elle est éton­née que Julien range son épée, elle joui à l’idée de se faire tuer par son amant -> elle est amou­reuse de lui.
Ces per­son­nages qui se cherchent ont du mal à se trou­ver, ils n’arrivent pas à se dire ce qu’ils doivent se dire réellement.

-> Leur rela­tion est à contre temps : quand l’un s’ouvre, l’autre se ferme : le poids de la socié­té est trop fort
-> Il n’y a pas de confiance car l’un et l’autre sont des calculateurs.

C : L’opacité des per­son­nages
Ils se font souf­frir l’un l’autre, on à une rela­tion à contre temps. Ceci est visible grâce à la foca­li­sa­tion interne sur les per­son­nages & le dis­cours indi­rect narrativisé.

Conclusion

Les rela­tions amou­reuses vont conti­nuer. Julien est séduit par cette femme hors de son milieu, il aime son côté impul­sif. Stendhal nous attire avec une scène mélo­dra­ma­tique pas­tiche, qui conti­nue de nous faire décou­vrir les personnages.


Mathilde à des remords et des regrets vis-à-vis de Julien : « de m’être livrée au pre­mier venu ».

Source : A N I

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