Depuis l’apparition du concept d’opinion publique au XVIIIe siècle, on reproche à ce tribunal “autoproclamé” de faire justice sans foi ni loi, c’est-à-dire sans faire appel à une tierce autorité, extérieure et surplombante, ni à une procédure ou des règles bien définies.
Substitution d’un tribunal à l’autre, identification de l’opinion publique à une cour de justice… les discours actuels mettent l’accent, soit pour la condamner soit pour l’expliquer et la justifier, sur la similitude entre ces deux instances.
Certes, l’opinion publique juge, mais rend-t-elle des jugements, envoie-t-elle en prison ? Certes, l’opinion publique ostracise, stigmatise, mais a‑t-elle une valeur aussi claire et figée qu’un arrêt de justice, écrit noir sur blanc, gravé dans le marbre ?